Photo Gaetan Vassar

Photo Gaetan Vassar

Émouvant, Puissant, Éloquent.

L’art de perdre, prix Goncourt des lycéens 2017 resta deux années consécutives, en 2017 et 2018, dans le palmarès des livres francophones les plus vendus en France.

Alice Zeniter raconte le destin, entre la France et l'Algérie, des générations successives d'une famille prisonnière d'un passé tenace. La romancière fait entendre la tragédie de ces sacrifiés de l’Histoire que furent les harkis. Un roman où il y est question de guerre, d’immigration, d’intégration, d’identité mais aussi une quête de réconciliation avec la mémoire de sa famille. 

Comme Alice Zeniter, la metteuse en scène et comédienne Sabrina Kouroughli a une grand-mère kabyle et analphabète et un grand-père harki.

L’adaptation du roman est centrée sur l’histoire intime et familiale de Naïma interprétée avec brio par Sabrina Kouroughli qui désire connaitre son histoire dont on lui a peu parlé.

Photo Gaetan Vassar

Sur le plateau, une ambiance familiale règne, côté jardin la grand-mère Yemma brode, assise   devant une table de cuisine en formica sur laquelle le thé et les makrouds trônent. À quelques pas de là, au centre du plateau, Naïma regarde un film américain sur son ordinateur posé sur une malle au côté d’un petit olivier… symbole du temps passé. Côte cour un homme assis, nous tourne le dos, c' est Ali, le grand-père défunt qui viendra nous conter ses souvenirs violents et cruels liés à l’exil. Son grand-père Ali, ‘Issam Rachyq-Ahrad’, ancien harki et sa grand-mère Kabyle,‘ Fatima Aibout’, Yemma vont l’accompagnée dans sa recherche.

La musique prend de l’ampleur, Naïma se déchaine à travers une danse endiablée, puis elle nous conte ses peurs. Beaucoup sont liées à ses origines, sa famille est arrivée en France 1962 mais son père a toujours refusé de parler du pays à ses filles. Elle  connait l’Algérie et son histoire seulement par internet...

A travers les dialogues entre  Naïma et sa grand-mère, nous suivons le chemin de sa famille quittant la Kabyle contraint et forcé après les accords d’Evian. La déception de l’accueil en France où ils sont parqués dans des camps provisoires comme  à Rivesaltes avant d’être logés dans des cités HLM froides et tristes.

Par intermittence, nous suivons Naïma partie en Algérie  à l’encontre de son pays.

Bien que la pièce soit concentrée autour des liens familiaux, on ressent l’humiliation de ces hommes qui ont tout perdu, la négligence et la violence avec laquelle les Harkies ont été accueilli. On ne peut que pensez à tous ces peuples qui fuient aujourd’hui la Syrie, l’Afghanistan, l’Ukraine…

Photo Gaetan Vassar

Un sujet grave et bouleversant servit par trois comédiens talentueux ; Fatima Aibout déborde d’énergie et de vitalité, Sabrina Kouroughli et Issam Rachyq-Ahrad nous émeuvent par la justesse de leur jeu et leur bienveillance.

Un beau moment de théâtre qui donne envie de lire ou de relire ce magnifique roman.

Claudine Arrazat

COLLABORATION ARTISTIQUE Gaëtan Vassart / RAMATURGIE Marion Stoufflet / CHORÉGRAPHIE Mélody Depretz / LUMIÈRE Franck Thévenon / SON Christophe Séchet  / REGARD EXTÉRIEUR Magaly Godenaire

Production Compagnie La Ronde de Nuit.

Du   25 Jan. Au 9 Fév. 2024  du lundi au vendredi à 20h, samedi à 18h, dimanche à 15h30,
relâche le mardi

durée : 1h10 – spectacle conseillé à partir de 14 ans

Tag(s) : #TGP, #Critiques

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