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Esthétique, Réjouissant,  Remarquable.

Après Trissotin ou les femmes savantes en 2015, Tartuffe-Théorème 2021, Macha Makeïeff nous offre un magnifique et réjouissant Dom Juan. Troisième portrait d’un homme prédateur.

Macha Makeïeff nous révèle un homme reniant toute loi, qu' elle soit sacrée ou sociale, un homme en perdition, un Dom Juan obsédé par la jouissance, misogyne, athée et prônant la liberté de ses choix. Un être pour qui les femmes sont de simples objets qu' il jette immédiatement après l’utilisation.

Macha Makeïeff déplace la pièce d’un XVII éme siècle où la question du pouvoir religieux est centrale, au siècle suivant, celui de Laclos et de Sade.

‘Je fais glisser la figure de Dom Juan vers le libertin du XVIII éme siècle, à coup sûr pour la sensualité plastique d’une époque, et pour le miroir sadien.’ M.M

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Sur le plateau, l’intérieur d’un hôtel particulier au mobilier bohème, donnant sur l’extérieur par une belle baie vitrée. La pièce est baignée dans une lumière en clair-obscur, chaude, sensuelle et magnifique de Jean Bellorini.

Macha Makeïeff a emprisonné Dom Juan dans ce lieu unique, un Dom Juan toujours sans grande considération pour la gent féminine, sans vergogne, sans état d’âme, athée et libertin mais un séducteur nonchalant, fatigué par la vie, présomptueux, isolent. Un Dom Juan quelque peu négligé et sombrant de plus en plus dans la débauche..

A ses côtés, son valet Sganarelle plein d’énergie et de prestance, n’approuve point l’immoralité et le cynisme de son maitre mais il  soutient en lui disant toutefois quelques pertinences avec finesse et humour.  

Xavier Gallais (Dom Juan) et Vincent Winterhalter (Sganarelle) forment un duo fabuleux.
Xavier Gallais incarne avec force ce cruel et abominable Dom Juan, ses mimiques, sa gestuelle, nous captivent. Il distille son discourt, ses silences sont odieux et méprisants,

Vincent Winterhalter envahit le plateau de par son charisme, sa voix profonde nous transperce. Nous ressentons une grande complicité entre les deux comédiens qui nous enchantent par la justesse de leur jeu et leur talent.

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La noirceur et la cruauté féroce de Dom Juan est aérée par des scènes réjouissantes:

A travers une jolie chorégraphie classique du XVIII éme, Xaverine Lefebvre et Kadidja Kouyaté jouent les libertines dans le salon de Dom Juan, sous la musique de l’artiste lyrique soprano Jeanne-Marie Lévy dont nous admirerons la voix, les deux demoiselles dansent. C’est léger et charmant.

Joachim Fossi en Pierrot amoureux conte à sa promise, Xaverine Lefebvre, Charlotte un peu simplette, ses exploits, ils sont tous deux excellents, ils nous amusent et nous séduisent.

Les frères d’Elvire voulant la venger, Joaquim Fossi et Antony Moudir sont drolatiques, c’est dynamique et pétulant.

Pascal Ternisien est cocasse en Monsieur Dimanche ne pouvant placer mot et partant bredouille sans un sou.

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La gaieté de ces tableaux accentue fortement la noirceur de ce Dom Juan qui nous indigne, où ses silences envers  Elvire, Irina Solano,  sont plus cruels et plus humiliants que ses paroles.

La scénographie est d’une grande esthétique, les costumes du XVIII éme sont magnifiques,  les couleurs des étoffes chatoyantes, la musique baroque et les éclairages d’une grande finesse, accentuent les émotions .

Les comédiens Xavier Gallais, Vincent Winterhalter,  Irina Solano,  Pascal Ternisien, Jeanne-Marie Lévy, Xaverine Lefebvre, Khadija Kouyaté, Joaquim Fossi , Antony Moudir, nous enchantent par la justesse de leur jeu et leur talent.

Macha Makeïeff nous offre un Dom Juan d’une grande beauté esthétique, joyeux et pertinent.

Claudine Arrazat

Xavier Gallais Dom Juan Vincent Winterhalter Sganarelle /

Irina Solano (Elvire, le spectre) / Pascal Ternisien (Dom Luis, Monsieur Dimanche) / Jeanne-Marie Lévy (Une libertine, Musicienne) [mezzo-soprano] / Xaverine Lefebvr(Charlotte, Libertine, Le commandeur) / Khadija Kouyaté (Mathurine, Une Libertine) / Joaquim Fossi (Dom Alfonse, Pierrot) / Anthony Moudir (Dom Carlos, Gusman)

Mise en scène, décor, costumes Macha Makeïeff / lumière Jean Bellorini assisté de Olivier Tisseyre / son Sébastien Trouvé assisté de Jérémie Tison / maquillages, perruques Cécile Kretschmar / mouvement Guillaume Siard / toile peinte (clavecin) Félix Deschamps Mak / assistante à la mise en scène Lucile Lacaze / assistante à la scénographie Nina Coulais / assistante aux costumes Laura Garnier / assistante aux accessoires Marine Martin / régie générale André Néri  / régie plateau Marine Helmlinger / machiniste accessoiriste Jeanne Doireau / stagiaire technique Joamin Vasseur / stagiaire Pavillon Bosio Louise Chatelain / coordination générale et production Mathieu Gerin / administration Pauline Ranchin / diffusion Pascale Boeglin-Rodier / construction des décors et confection des costumes ateliers du TNP
construction des accessoires DTMS Machiniste Constructeur du Lycée professionnel Jules Verne - Sartrouville

coproduction compagnie MadeMoiselle – Macha Makeïeff, Théâtre national populaire –Villeurbanne, Châteauvallon-Liberté – scène nationale de Toulon, Théâtre national de Nice,  Le Quai - CDN Angers Pays de la Loire, Grand Théâtre de Provence avec le soutien du Dispositif d’Insertion de l’ÉCOLE DU NORD, financé par le Ministère de la Culture et la Région Hauts-de-France ; du dispositif d’insertion professionnelle de l’ENSATT ; de Arsud ; du Pavillon Bosio, École supérieure d’arts plastiques de Monaco

23 avril – 19 mai 2024 Odéon 6e durée 2h30

Tournée 2024 25 au 28 septembre – Châteauvallon-Liberté, scène nationale 3 octobre – Théâtre Princesse Grace, Monaco 9 au 11 octobre – Théâtre national de Nice 15 au 17 octobre – Les Théâtres, Aix-en-Provence

Tag(s) : #Th de L'Odéon, #Critiques

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