Percutant, Bouleversant, Éloquent.
Depuis les années 1950, les algériens sont parqués dans les bidonvilles en banlieue parisienne. Depuis 1954, la guerre pour l'indépendance sévit en Algérie. Le 5 octobre1961, un communiqué de la préfecture de police de Paris dirigée par Maurice Papon, ordonne un couvre-feu pour les algériens de 20H30 à 5H30 du matin. Décision impliquant entre autres, de grandes difficultés pour que ces hommes et ces femmes puissent se rendre au travail librement.
Le 17 octobre lors d’une manifestation pacifiste à l’appel du FLN réunissant 30 mille algériens, un massacre eu lieu. Des centaines d’algériens sont tabassés, tués et certains jetés dans la Seine pieds et poings liés. Massacre non reconnu par la France et évènement des plus controversé et débattu de l’histoire.
Myriam Boudenia et Louise Vignaud ne souhaitent point témoigner ou documenter ce drame. « il y a pour cela de nombreux livres et de nombreuses recherches (Paulette Péju ou de Monique Hervo, Paulette Péju , Jean-Luc Einaudi ). »
A travers des faits réels, elles renouent avec la fiction pour pouvoir dire ce qui ne se dit pas. Comment représenter l’horreur ?
Myriam Boudenia et Louise Vignaunous nous mènent à la rencontre
*des Harkis de la goutte d’or utilisés par la préfecture de police pour interroger et torturer les algériens du FLN, un fratricide…
*de Fatima Bedar, jeune fille de 15 ans noyée le 17 octobre et déclarée suicidée par la préfecture...
*de Brigitte Lainé archiviste mise au placard après avoir témoigné contre Maurice Papon en1999.
La pièce commence dans une pharmacie restée ouverte cette nuit-là sur le boulevard St Michel. Des blessés vont y être emmenés, c’est antichambre de l’horreur. Dans les rues le massacre commence, c'est un bain de sang.
Ce crime d’état nous est présenté en trois grands chapitres :
La différence: les atrocités du 17 oct...
Le silence : le 22 oct. de cette même année Ray Charles vient en concert à Paris, comme s’il ne s’était rien passé… plus de deux décennies de silence suivront ces événements.
La nuit: Comment vivre avec les disparus qui ne sont pas reconnus ?
Les histoires se suivent, s’enchevêtrent, se complètent, toutefois malgré la profondeur et l’importance des détails et des bifurcations (la bombe atomique de 1960 ou les 9 morts du métro Charonne en 1992 ..), c’est parfois un peu difficile à suivre la trame du récit.
Myriam Boudenia et Louise Vignau nous offrent un moment de théâtre où la vérité nous fait frémir et nous épouvante. Merci de nous remémorer cette histoire, qu’il ne faut point oublier.
Comment ne pas être bouleversé par ce père venant reconnaitre la dépouille de sa fille Nour dans ce commissariat où les hommes sont traités avec dédain comme des numéros. De cette scène sans geste brutal et sans cri émane une violence insupportable.
Tout au long de ce drame, la scénographie Irène Vignaud, sobre et astucieuse, constituée de placards mobiles, nous transporte un clin d’œil de l’office pharmaceutique, au commissariat, à usine, dans la rue, dans une cuisine, au bureau des archives, à la morgue…
Nous allons à l'encontre des bourreaux et des victimes, des engagés et des lâches et de tous ces êtres qui ont traversés cette tuerie.
Les lumières de Julie-Lola Lanteri et le son Orane Duclos intensifient les émotions.
Les comédiens jouent chacun plusieurs rôles et passent de l’un à l’autre avec aisance et talent. Un petit plus pour Yasmine Hadj Ali Zohra qui incarne cette jeune fille, Nour, avec grande justesse et brio.
Merci à tous
Claudine Arrazat
AVEC Simon Alopé Tahar : Arthur ; un collègue de l’archiviste / Lina Alsayed Kheïra : le planton / Magali Bonat : L’archiviste ; Suzanne ; une cliente de la pharmacie / Mohamed Brikat Houari : Saad ; le déménageur / Pauline Coffre : Françoise : l’infirmière ; une collègue de l’archiviste / Ali Esmili Hamid Khaled : le coursier ; un client de la pharmacie / Yasmine Hadj Ali Zohra : Nour / Clément Morinière : Joseph ; Bernard ; le pharmacien ; l’éclusier ; un collègue de l’archiviste / Sven Narbonne : le formateur ; Alain ; un client de la pharmacie ; un collègue de l’archiviste / Lounès Tazaïrt : Octobre / Charlotte Villalonga : Joss ; la femme de Ménage.
Scénographie Irène Vignaud / Lumière Julie-Lola Lanteri / Son Orane Duclos / Costumes Emily Cauwet-Lafont / Maquillage Et Coiffure Judith Scotto / Assistanat À La Mise En Scène Margot Théry / Régie Générale Nicolas Hénault
Au TGP St Denis 93 Du 15 au 26 novembre 2023 du lundi au vendredi à 19h30, samedi à 17h, dimanche à 15h, relâche le mardi durée estimée : 2h – Salle Delphine Seyrig spectacle conseillé à partir de 13 ans
DATES DE TOURNÉE
→ Du 13 au 20 octobre 2023, La Comédie de Béthune, centre dramatique national
→ Du 29 novembre au 3 décembre, La Criée – Théâtre national de Marseille, centre dramatique national
→ Le 19 mars 2024, Théâtre Molière – Sète, scène nationale archipel de Thau
→ Le 22 mars, Le Bateau Feu, scène nationale, Dunkerque