Jours de joie - - Simon Gosselin-

Jours de joie - - Simon Gosselin-

Poétique, Émouvant, Réjouissant.

Arne Lygre, né en 1968 à Bergen, est l’auteur d’une douzaine de pièces traduites du norvégien dans plusieurs langues et jouées dans de nombreux pays, notamment en Scandinavie et en Europe. Il a reçu le Prix Ibsen pour Je disparais en 2013, « pièce jouée en 2011, à La Colline - théâtre national » et le Prix Hedda en 2017 pour Nous pour un moment, « pièce jouée, en 2019, à l’Odéon-Théâtre de l’Europ » toutes deux montées par Stéphane Braunschweig ».

Jours de joie est la cinquième pièce d’Arne Lygre mise en scène par Stéphane Braunschweig.

« Je crée des fictions et je travaille la langue lentement, de façon intuitive, en guettant l’émergence de quelque chose d’important. Dans Jours de joie, c’est la notion d’espoir qui m’a intéressé. » Arne Lygre

Jours de joie - - Simon Gosselin-

Un tapis de feuilles mortes mordorées, un majestueux banc en bois face à la rivière qui coule en contrebas d’un cimetière, c’est un coin de nature calme et paisible. Il y règne un climat qui prête à la mélancolie, aux confidences, aux retrouvailles, aux rendez-vous discrets.

Ici, loin du brouhaha de la ville, une mère a donné rendez vous à ses enfants jumeaux, une fille vivant habituellement à l’étranger et son fils un moi qui tarde un peu à venir. 

Une mère
Une mère dit : C’est bien, ici, en bas, au bord de la rivière.
Une mère dit : Je trouve que c’est merveilleux, ici.
Une mère dit : Il y a une sorte de calme, très particulier.
Une mère dit : Je suis heureuse d’avoir trouvé cet endroit.

Une mère est sous le charme de ce lieu, elle pense être un peu chez elle à l’abri des regards inconnus mais, vont surgir d’autres personnages : un voisin qui a son dernier rendez-vous avec une ex-femme ainsi qu’une famille recomposée en deuil : une veuve, un orphelin de père, un autre orphelin de père.

Jours de joie - - Simon Gosselin-

Trois groupes de personnes qui ne se connaissent pas, vont se mettre à parler ensemble, se rencontrer, partager sur la vie, la mort, la paternité, le couple, le pardon, la maternité.

Leurs histoires se croisent et s’entremêlent. Avec un désir commun de joie, d'espoir, de sortir la tête hors de l’eau, de ne pas vivre dans le passé mais de croire à la joie et de se réjouir d’être là. 

« C’est si fragile la vie, Ça peut se défaire à tout moment »

"Aujourd’hui nous sommes ici, nous allons être heureux."

" C’est un jour de joie aujourd’hui."

"Il faut aider les bonnes idées à s’imposer."

Un personnage se détache des autres, un moi « Aksle » qui décide de disparaitre, de tout quitter pour renaitre, de couper les liens avec les siens, sa famille et son compagnon. Il affirme qu'il ne part pas pour mourir mais l'incertitude règne quelque peu.

"Un moi: Disparaitre, simplement. Pour un temps.Partir loin.Couper les liens."

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Jours de joie - - Simon Gosselin-

Dans une deuxième partie, nous rencontrons un autre moi dans son salon, c’est David, le compagnon d Aksle. Il choisit de ne point se morfondre et de surmonter la disparition d’Aksle.

Malgré sa tristesse et son incompréhension, il relève la tête pour fêter son anniversaire dans la joie avec une mère (d’Aksle), une autre sœur, une voisine, un veuf, un orphelin de mère, une orpheline de mère.

"Un autre moi : Nous formons une bande maintenant, ce soir, nous tous."

Une autre mère, la sienne, fait éruption et met fin à la soirée. Elle vient de quitter son mari volage.

             "Une autre mère : maintenant j’ai détruit ta soirée."

"Un autre moi : oui.

Mais nous allons surmonter ça. Il y aura d’autres soirées comme celle-ci."

Tous ces personnages  réunis  quittent leur solitude pour partager ce jour de joie.

Un texte poétique, profond, magnifiquement ponctué, donnant une grande force à chaque personnage.

Chacun est dans son monde mais malgré cela tous se rencontrent en un point et forme un paysage au-delà de leurs différences qui aspire à la joie de vivre.

Jours de joie - - Simon Gosselin-

La mise en scène de Stéphane Braunschweig est orchestrée avec minutie et donne une ampleur  à l’écriture magnifique et au relief du texte.

Dès le premier instant, Virginie Colemyn (une mère, une autre mère) nous ensorcelle, nous sommes envoutés par son talent et la justesse de son jeu.

Cécile Coustillac (une soeur, une autre soeur), Alexandre Pallu (un voisin, un ex-mari), Pierric Plathier (un moi [Aksle], un autre moi [David}), Lamya Regragui Muzio (une veuve, une orpheline de mère) ,Chloé Réjon (une ex-femme, une voisine) ,Grégoire Tachnakian (un autre orphelin de père, un orphelin de mère), Jean-Philippe Vidal (un orphelin de père, un veuf) s’affrontent, s’apaisent, se retrouvent, se réinventent, s’unissent  pour oublier les douleurs et connaitre la joie. Ils nous réjouissent, nous émeuvent et nous font découvrir avec grand brio ce magnifique texte.

La joie existe  ' dernier mot du texte de Arne Lygre.'

Merci à tous

Claudine Arrazat

Traduction française Stéphane Braunschweig Astrid Schenka /  collaboration artistique Anne-Françoise Benhamou /  collaboration à la scénographie Alexandre de Dardel /  costumes Thibault Vancraenenbroeck /  lumière Marion Hewlett /  son Xavier Jacquot /  assistante à la mise en scène Clémentine Vignais.

Jours de joie est la cinquième pièce d’Arne Lygre mise en scène par Stéphane Braunschweig, après : - Je disparais et Tage Unter (Jours souterrains), en 2011, à La Colline - théâtre national - Rien de moi, en 2014, à La Colline - théâtre national - Nous pour un moment, en 2019, à l’Odéon-Théâtre de l’Europe

Odéon Berthier 17e 20 avril – 5 mai durée 2h20   du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h
relâches les lundis et le mercredi 1er mai

Tournée 2024 22 au 25 mai – ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie

Tag(s) : #Th de L'Odéon, #Critiques

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