© Jean-Pierre Estournet

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Fort, Puissant, Drolatique, Émouvant.

Aziz Chouaki, 1951-2019 est né à Tizi Rached, il est considéré comme l’un des plus grands écrivains algériens contemporains. Il s’exile et s’installe en France en 1991 lors de la guerre civile ou décennie noire qui engendra de grandes violences politiques. Ses écrits évoquent les blessures et les violences de son pays.

 « J’en ai besoin, de cette douleur. Elle fait jaillir l’hypersensibilité qui se traduit dans mes écrits. Si l’Algérie n’était pas l’Algérie, je serais garde-champêtre. » A.C

Ses textes sont empreints de poésie, de puissance, derrière la légèreté et l’humour se cache la douleur.

« Répondre à la terreur par le rire » A.C

© Jean-Pierre Estournet

Dans une Algérie brisée, malgré les attentats et les forces spéciales de sécurité, El Maestro dirige un orchestre symphonique imaginaire en vue d’une audition pour représenter l’Algérie à un festival de musique à Genève.

C’est un chef original, d’une grande poésie, portant un grand amour à son pays. Il dirige son orchestre non avec une baguette mais avec les émotions, les perceptions, la sensibilité qu’évoquent les images et les odeurs du pays.

Nous partons avec lui à la découverte de la vie bouillonnante des quartiers d’Alger, c’est magnifique, rempli de couleurs, d’odeurs et de joyeusetés.

Le banjo nous mène dans une ruelle de la Casba, la batterie au centre d’un marché à cote de la pêcherie, la basse fait surgir un mec avec une pastèque sous chaque bras, avec le violon nous partons nous faire rasez la barbe,  le synthé  nous conduit en bord de mer, l’odeur du citronnier nous monte au nez avec la guitare.  C'est fabuleux et pittoresque.

La répétition est interrompue par les réalités de la vie quotidienne: religions, administrations,   attentas , forces spéciales…La combativité, la contestations, la douleur et la violence font face à l'amour  du pays. 

© Jean-Pierre Estournet

Dans décor assez dépouillé, une chaise, un gros sac contenant quelques objets disparates, Mouss Zouheyri nous captive et nous enchante par la justesse de son jeu, ses mimiques et sa gestuelle. Il sert avec grand brio ce texte d’une grande puissance, magnifique, éloquent et loufoque,

La belle écriture, musicale, poétique, sensuelle et engagée d' Aziz Chouaki où s’entremêle avec délicatesse français, arabe et kabyle et l' interprétation remarquable de Mouss Zouheyri ne peux que vous réjouir.

Spectacle à ne pas manquer.

Claudine Arrazat

Du jeudi 18 janvier au samedi 2 mars   Du jeudi au samedi à 21h
Relâche le 20 janvier 2024
Théâtre de Nesle
8, rue de Nesle
75006 Paris
01 46 34 61 04

Tag(s) : #Th de Nelse, #Critiques

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