Virulent, Dynamique, Surprenant.
C’est avec grand plaisir et curiosité que nous assistons à la première version du Tartuffe ou l’hypocrite de 1664 en trois actes, plus caustique envers le clergé que celle que nous connaissons Tartuffe ou l’imposteur écrite en 1669 en 5 actes.
Tartuffe ou l’hypocrite fut joué devant Louis XIV en mai 1664 et interdit immédiatement.
Cette version a été restituée par gorges Forestier grand connaisseur de Molière « Molière Edition Galimard » avec la complicité d’Isabelle Grellet.
Ivo van Hove qui nous a enchanté ses dernières années par les mises en scène Des damnés 2016 et Electre/ Oreste 2019 retrouve la magnifique Troupe du Français pour nous présenter Tartuffe ou L hypocrite.
La scénographie de Jan Verweyveld est grandiose et imposante. Une structure métallique sur deux niveaux reliés par un immense escalier central, côte jardin et côté cour des chandeliers, des lustres et de magnifiques bouquets de fleurs.
Dans la pénombre, sur le devant de scène, un tas de couverture dans lequel git un clochard sans logis. C’est Tartuffe.
Plongé dans une baignoire, savonné, vêtu de neuf et recueilli par la famille bourgeoise d’Orgon homme croyant et crédule. Tartuffe maintenant élégant, séducteur, perfide et faux dévot envoûte le maitre de maison et sa mère. Il manipule son monde avec adresse pour arriver à ses fins et régner sur cette famille.Les désaccords et les conflits déjà existants s' accentuent entre eux. Les relations entre Orgon et son fils Damis se dégradent, ils deviennent agressifs et explosifs.
Orgon et Damis se réconcilierons-ils ?
En catimini Tartuffe séduit Elmire, la femme d’Orgon. Leur relation sera coquine et osée.
Elmire succombera-t-elle à son charme ?
Cette histoire mènera-t-il Tartuffe à sa perte ?
Ivo van Hove nous fait découvrir cette première version plus violente, plus sombre et plus libertine que Tartuffe ou l’imposteur.
C’est pétulant, dynamique, virulent.
Le tableau final est surprenant mais la surprise fait partie de l’art du théâtre.
La musiques d’Alexandre Desplat accentue le désespoir de cette famille en perdition.
Les comédiens tous talentueux, nous réjouissent et nous entrainent avec virtuosité dans cette tragi-comédie familiale.
Claude Mathieu interprète avec élégance et dignité la mère d’Orgon Mme Pernelle.
Denis Podalydés « Orgon » toujours aussi extraordinaire, nous émeut, on ressent en lui une certainement fragilité, assujetti aux pouvoirs de Tartuffe, rugissant contre son fils pour ne point s’avouer vaincu puis anéantie par la vérité.
Loïc Corbery incarne Cléante avec grande prestance.
Christophe Montenez époustouflant Tartuffe, joue avec grand brio, tantôt charmeur, tantôt perfide, tantôt jouant de son charme, tantôt se flageolant, il nous enthousiasme et nous captive.
Dominique Blanc interprète avec justesse et douceur Dorine cette dévouée servante et nous sommes sous le charme.
Julien Frison formidable « Damis » en lutte acharnée avec son père, nous bouleverse lorsqu'il désire quelque peu d'indulgence.
Marina Hands magnifique Elmire sensuelle et charmeuse, nous ravie.
Beau moment de théâtre.
Claudine Arrazat
Mise en scène : Ivo van Hove / Dramaturgie : Koen Tachelet / Scénographie et lumières : Jan Versweyveld / Costumes : An D'Huys / Musique originale : Alexandre Desplat / Collaboration musicale : Solrey / Son : Pierre Routin
Vidéo : Renaud Rubiano / Réalisation maquillages : Claire Cohen / Assistanat à la mise en scène : Laurent Delvert / Assistanat à la scénographie : Jordan Vincent / Assistanat aux lumières : François Thouret
Avec
Claude Mathieu Mme Pernelle, mère d’Orgon / Denis Podalydès Orgon, mari d’Elmire / Loïc Corbery Cléante, beau-frère d’Orgon / Christophe Montenez Tartuffe, faux dévot / Dominique Blanc Dorine, suivante / Julien Frison Damis, fils d’Orgon / Marina Hands Elmire, femme d’Orgon