Wajdi Mouawad a encore frappé, on ne peut être indifférent à son théâtre, quel grand conteur !
Une histoire décousue remplie de flashbacks, de rebondissements et merveilleusement bien construite.
Un mélange de fiction, de série TV, de cinéma, de thriller, de sciences et vies, d’historia… Le tout est arrosé d’une sauce onctueuse d’émotion, de vérité et de philosophie.
Tout commence comme dans Incendie chez le notaire où après la mort accidentelle de sa mère, Hippolyte découvre une situation perturbante et surprenante.
Sa mère est bigame…
Son père n’est pas son géniteur.
Nous partons en compagnie d’Hippolyte à la rencontre de ce père géniteur vivant au Canada.
Nous voyageons dans cette saga familiale, quatre générations se croisent dans un tourbillon d’évènements tous plus inétendus les uns que les autres. Nous sommes subjugués.
Nous entrons dans l’intimité de ces personnages, dans leur désarroi et leur souffrance.
Ils sont déchirés par la violence des sentiments, l’amour, la trahison, la jalousie, le mensonge mais aussi par l’abandon, le viol, la mort….
Ils luttent pour survivre et surmonter leur déroute comme des fauves, ils sont en cage, enfermés et prisonniers sans le savoir d’un pacte secret.
Pacte passé il y a 50 ans entre la mère et belle-mère canadienne d’Hippolyte.
Ces non-dits qui étouffent leur vie et créent des agissements dramatiques.
Croyant protéger les siens, on les perd car on est incapable de dire.
Non-dit qui sera révélé, dés lors la consolation et la réconciliation apparaitront.
Cette pièce est composée de deux actes : « Hippolyte » et « Lazare »
La première partie nous suivons le parcours d’Hippolyte perdu dans les méandres de sa vie de fils, de père et d’époux.
Les personnages chutent et se perdent. Les secrets et les silences ont détruit cette famille.
La violence souvent présente est entrecoupée de scènes plus émoustillantes qui calment la tension.
En parallèle Hippolyte cinéaste s’embrouille aussi dans le montage de son film.
Les flashbacks se succèdent, c’est intense et captivant.
Le décor se construit et se déconstruit à l’aide de cloisons mobiles avec grande élégance.
La deuxième partie est une sorte d’épilogue, l’apaisement et la reconstruction sont là. La vérité et la parole ont surgi. C’est poétique, esthétique.
Lazare, cosmonaute nous interroge sur l’avenir de notre planète, nous sommes un peu dans sciences et vie. Nous nous envolons dans les méandres de l’univers.
Les comédiens sont tous d’un grand talent, ils nous émeuvent, nous font frissonner et nous questionnent bien après les applaudissements.
Claudine Arrazat
Equipe artistique
texte et mise en scène Wajdi Mouawad
avec Ralph Amoussou, Lubna Azabal, Jade Fortineau, Hugues Frenette, Julie Julien, Reina Kakudate, Jérôme Kircher, Norah Krief, Maxime Le Gac‑Olanié, Gilles Renaud, Yuriy Zavalnyouk
assistanat à la mise en scène Valérie Nègre
dramaturgie Charlotte Farcet
conseil artistique François Ismert
musique originale Paweł Mykietyn
scénographie Emmanuel Clolus assisté de Sophie Leroux
lumières Elsa Revol
son Michel Maurer assisté de Sylvère Caton
costumes Emmanuelle Thomas assistée d’Isabelle Flosi
maquillage, coiffure Cécile Kretschmar
suivi du texte Élisa Seigneur-Guerrini
traductions japonais Shintaro Fujii anglais Ralph Amoussou
kalaallisut / groenlandais Pierre Auzias, Annie Kerouedan
voix Estrella Drouet-Egede, Hugues Frenette, Michel Maurer, Louise Turcot
chorégraphie combats Samuel Kefi Abrikh
coach boxe Guillaume Hauet
interprète polonais Maciej Krysz
Les accessoires, costumes et décors ont été réalisés dans les ateliers
de La Colline.