(c)LaurentSchneegans

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Magnifique, Riche, Éloquent.

Denise est entraineuse de chevaux de course. Elle doit s’occuper d’une petite fille, Madeleine, un peu particulière dont elle a été nommée tutrice.

Ne se sentant pas capable de mener à bien cette mission seule et ayant à sa disposition un grand appartement, elle décide de cohabiter avec 3 autres personnes.

Elle passe une annonce, indiquant tout d’abord que les conditions financières seront très inintéressantes, mais  elle pose certaines conditions :

Avoir un rapport au cheval. S’occuper de Madeleine.  Ne pas apporter de meubles.

Dans l’obscurité, une chanson de Maria Tanase, chanteuse roumaine des années 50, retentit, un couloir de lumière traverse le plateau, apparaissent quatre femmes, nos quatre cavalières.

Denise ‘Isabelle Lafon’ est une passionné du monde équestre,  elle connait parfaitement le milieu du cheval: les entraineurs, les jockeys, les palefreniers, les parieurs…Elle est entraineuse que l’on nomme aussi ‘metteur au point‘ … Entraineuse de trotteurs, le monde des bouseux, les gens de la boue nous dit-elle.

Jeanne ‘Sarah Brannens’ est intéressée par beaucoup de chose à la fois et pose beaucoup de questions. Elle travaille dans un bar et dévore les livres. Est-ce que les livres sont considérés comme des meubles ? demandera-t-elle.

Saskia ‘Johanna Korthals Altes’ est danoise et ingénieur dans le ciment. C’est une cavalière passionnée de Nuno Oliveira, 'Écuyer portugais mort en 1989, considéré comme le plus grand maître de l'art équestre'.

Nora, ‘Karyll Elgrichi’ est secrète, pas très rassuré avec les chevaux, médiatrice auprès d’enfants délinquants, plus tard elle nous éclairera sur  les établissements pénitentiaires pour mineurs.

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Quatre mondes qui se confrontent, quatre femmes très différentes, se sont des cavalières qui osent tenter cette expérience, elles sont culottées, n’ont pas peur de partir.  "Quand la vie est là, il faut l'attraper" nous dira l'une d'elle.

Ces quatre femmes ont des relations épistolaires importantes qui ouvrent un autre espace, un autre monde que le dialogue ou le monologue. Elles nous lisent leurs lettres imaginaires puis les envoient dans les airs avec un geste énergique et un petit sifflement comme le font les enfants avec un avion de papier. C'est amusant et éloquent.

Comme un  cheval qui se rue, tout à coup, elles s’échappent par intermittence, glissent hors du contexte et  nous content leur histoire, leurs secrets, leurs colères,  leurs certitudes et  leurs inquiétudes. Elles nous interpellent et nous questionnent... un stand-up chevalin.

Où est donc la normalité?

Que sait on des gens, même ceux que l'on voit tous les jours?

Toutes quatre  sont à un carrefour de leur vie. C’est captivant et émouvant.

(c)LaurentSchneegans

Denise, Jeanne, Saskia et Nora, nos cavalières aux comportement audacieux, forment autour de Madeleine cette petite fille aux gestes lents, une famille nouvelle, quatre papas ou quatre maman qui l’entourent et  prennent soin d'elle. C’est bien plus qu’une cohabitation, une tentative, une brèche, un nouveau chemin.

Tous les chemins peuvent mener au mieux y compris ceux qui passent par le pire. [...] Vous dire que chaque moment est un carrefour de «pistes » possibles. Le geste qui permet…il n’est jamais « une fois pour toutes ». C’est le moment qui importe avec toutes ses composantes, sacrés fouillis. De plus si je vous dis que chaque moment est unique, C’est plutôt gênant de trouver la clef passe-partout.  Lettre de Fernand Deligny à Chantal B

Un sentiment de liberté émane de la mise en scène d'Isabelle Lafon , nous avons l’impression que le texte se crée sous nos yeux tant les comédiennes sont investies et naturelles, elles s’élancent et improvisent des histoires qui leur sont chères. C’est explosif, fougueux, elles n’ont point peur de se monter à nu.

« Je n’ai point peur de la sentimentalité  ni d’une forme de sincérité » Denise

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Les beaux jeux de lumière de  Laurent Schneegans intensifient les émotions.

Un texte riche et profondément humain interprété par de fabuleuses et talentueuses comédiennes.

Le seul de mes regrets est que ce texte ne soit pas encore édité car j’aurai grand plaisir à me plonger dedans.

Claudine Arrazat.

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Ecriture et jeu  Sarah Brannens Karyll Elgrichi Johanna Korthals Altes  Isabelle Lafon

lumières Laurent Schneegans / costumes Isabelle Flosi / assistanat à la mise en scène Jézabel d’Alexis / administration Daniel Schémann / avec la collaboration de Vassili Schémann / production Les Merveilleuses / coproduction La Colline – théâtre national  / La compagnie Les Merveilleuses est conventionnée par la DRAC Île-de-France

Théâtre de La Colline

du 5 au 31 mars 2024 au Grand théâtre • création à La Colline

du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30

relâche dimanche 10 mars durée estimée 1h15

Tag(s) : #Th. de la Colline, #Critiques

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