© Simon Gosselin

© Simon Gosselin

Poétique, Mystérieux, Émouvant, Éloquent.

 Lucie Berelowitsch directrice du Préau depuis le 1er janvier 2019, construit son travail de création en lien avec le territoire en prêtant une oreille attentive aux récits du monde rural.

Le CDN de Normandie Vire est un théâtre à la fois ancré sur son territoire et ouvert sur le monde. Le théâtre va à l’encontre de la population des campagnes.

Dans ce contexte, Lucie Berelowitsch, s’est intéressée aux histoires, aux coutumes, aux croyances des habitants du bocage. Les écrits des années 70 de l’ethnologue franco-tunisienne Jeanne Favret-Saada auteur de l’essai, « Les mots, la mort, les sorts : La Sorcellerie dans le bocage », l’ont interpellée.

Jeanne Favret-Saada avait elle-même appris à parler le langage de la sorcellerie et recueilli des témoignages de guérisseurs, de sorciers… Elle raconte comment elle s'est trouvée elle-même envoûtée, puis désenvoûtée...

Où en sommes-nous, 50 ans après ?

Qu’en est-il de la transmission ?

Penda Diouf autrice, interprète et metteuse en scène a rencontré Lucie Berelowitsch en avril 2019, lors de la première édition du Festival des langues françaises, organisé par le centre dramatique national de Rouen.  Penda Diouf écrit pour le spectacle vivant. Ses pièces ont reçu plusieurs prix en France comme à l’étranger.

Lucie Berelowitsch et Penda Diouf ont  enquêté à travers  le territoire sur les bons et les mauvais sorts, les croyances, les légendes, les faits divers, la sorcellerie…Elles ont écouté et recueilli les récits des rebouteux, des souffleurs de feu, des exorcistes, des sourciers et sorcières.

La pièce écrite pour trois comédiennes, est une fiction inspirée des confidences recueillies dans le bocage ainsi que des écrits de Jeanne Favret-Saada.

Crédit Alban Van Wassenhove

Sur le plateau, une salle aux tapisseries un peu sombres,  quelques cartons de ci de là, des étagères avec de vielles faïences, un lit de camp… Côté jardin, des portes accédant à une partie de la maison qui a subi un incendie il y a quelques années.  Une ambiance un peu  mystérieuse se diffuse.

Dans une lumière chaude et tamisée, une jeune femme s’affaire, range et fait du tri. Elle vient de quitter la ville pour venir s’installer à la campagne dans la maison autrefois habitée par sa grand-mère, une maison qui semble avoir abritée plusieurs générations. La maison des champs de foire.

C’est une nouvelle venue dans le village, une fille de la ville regardée avec méfiance par le voisinage.

Suite à son emménagement, des phénomènes curieux se produisent aux abords de son logis, des voitures tombent en panne, des accidents surgissent, des téléphones se vident de leur batterie,  des GPS perdent la tête, des esprits antes les lieux, des bruissements se font entendre, une visiteuse un peu mystérieuse fait éruption…

Crédit Alban Van Wassenhove

Plus tard, se rendant avec une amie de passage à une brocante en espérant faire commerce avec les anciennes affaires de sa grand-mère, elle est évitée de tous. 

Personne ne l' approche. est-elle porteuse de mauvais sorts?    Les gens se comportent- ils  de même que nous le raconte Jeanne Favret-Saada dans son essai:  Les mots, la mort, les sorts?

" Les poignées d’mains, ne faut jamais les accepter "

 " Jamais je n’donne la main parce qu’il (le sorcier) essaie de nous toucher "

 " De tout manière, faut éviter de les fréquenter "  

Que s’est-il passé dans cette maison ? Qui était donc la sœur de la grand-mère propriétaire de ce lieu ? Qu’est-il arrivé  dans ce jardin ? 

Des phénomènes de plus en plus curieux se produisent, la jeune femme possédée par l’esprit de sa grand-mère va  faire des découvertes bouleversantes au pied de l’arbre du jardin….

 

Crédit Alban Van Wassenhove

La salle est silencieuse, captivée et chamboulée. L’écriture théâtrale vient toucher en plein cœur le public, les croyances, les souvenirs, les histoires, les témoignages font surface en chacun.

*(Nous avons assisté à une sortie de résidence et vu qu’une partie de la pièce, mais 'à la sortie, beaucoup de spectateurs ont émis le désir de voir la représentation en sa totalité dès que possible).

La mise en scène de Lucie Berelowitsch est  magnifiquement orchestrée, les scénettes s’enchainent avec dynamisme et aisance.  

Le texte de Penda Diouf est émouvant, profond et d’une grande poésie.

« Un berceau. J’ai choisi cet arbre pour que les racines calment les pleurs, murmurent des histoires pour s’endormir et que la vie continue de s’écouler, malgré tout, parce que des mots sont prononcés, des caresses sont prodiguées »

Les jeux de lumière impressionnants et saisissants de Kelig Le Bars et la création sonore harmonieuse de Sylvain Jacques intensifient les émotions.

La scénographie François Fauvel et Valentine Lê nous transporte en un clin d’œil dans une maison une peu mystérieuse perdue dans la campagne, ses murs semblent avoir entendus des secrets et des confidences….

Les comédiennes Sonia Bonny, Lola Roy et  Natalka Halanevych nous entrainent avec talent et justesse dans cette fiction mystérieuse et captivante.

Claudine Arrazat      Vu à  Tessy-Bocagele 26 Mars2024

 

©DR

Sonia Bonny et Lola Roy - comédiennes permanentes, Natalka Halanevych - membre des

Dakh Daughters, artistes associées

Création sonore Sylvain Jacques  / Lumières Kelig Le Bars / Scénographie François Fauvel et Valentine Lê / Production Le Préau CDN de Normandie-Vire / Coproduction Recherche de partenaires en cours

Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National

Calendrier de création  Vire | du 5 au 9 février 2024 /  Saint-Sever | du 12 au 23 février 2024 / Domfront-en-Poiraie | du 4 au 11 mars 2024 /

Sorties de résidence   Dans le cadre d’une tournée itinérante:  Domfront-en-Poiraie | 12 mars 2024, 20h30 /  Vu à Tessy-Bocage | 26 mars 2024, 20h30 / Barenton | 28 mars 2024, 20h30 / Saint-Martin-des-Besaces | 30 mars 2024, 20h30

Premières représentations   Vire | Le Préau | les 2, 3 et 4 octobre 2024.

Tag(s) : #CDN de Vire, #Critiques

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