Portrait (c) Eva Tralala

Portrait (c) Eva Tralala

Émouvant, Éloquent, Intimiste.

Culture commune, située sur le site d’un ancien carreau de fosse minier près de Lens a accueilli en fin d'année, Lina et Sarah Baraka à Loos-en-Gohelle afin de finaliser l’écriture d'Okhty (ma sœur en arabe).

Ce jour, en première partie, avant la représentation de leur pièce, nous avons le privilège de voir une captation  de 2002 du spectacle de leur père Kader Baraka décédé en 2003.    

 
© DR

Quelques mots de Culture commune.

En 1990, peu avant la fermeture du dernier puit de mine du territoire, est née Culture Commune, « association intercommunale de développement artistique et culturel ».

Culture commune met en œuvre des actions artistiques et culturelles en lien avec des artistes et la population sur un vaste territoire urbain et rural composé de 3 communautés d’agglomération et de 150 communes.

Les actions se développent tout au long de l’année sur le territoire : à la Fabrique Théâtrale, à proximité dans les communes de l’arrondissement de Lens, et principalement dans les petites communes de l’arrondissement de Béthune.

Culture commune est implanté au cœur de la Base 11/19 à Loos-en-Gohelle dans l’ancien carreau de fosse minier et sa cité attenante, la Cité des Provinces à Lens.
Culture Commune s’appuie sur deux axes artistiques et culturels, « les écritures », accompagnement des artistes en résidence d’écriture, parfois jusqu’à la production et la mise en voix/scène de texte, et « le corps en mouvement », notamment par le biais de la danse et du cirque.

Les artistes sont invités à travailler avec les habitants, de la prime enfance à l’âge adulte.

Culture commune est impliqué dans le développement durable : entre autres, les fournitures et produits proposés en interne, ainsi qu’au public, sont commandés à proximité, favorisant la qualité et le circuit cour.

Culture Commune adhère aussi à : Danse ! la Fédération des Arts de la Rue – Pôle Nord, et Syndeac. Elle est signataire de la Charte du Grand Forum du Pôle Métropolitain de l’Artois.

 

©DR

J’m’excuse de Kader Baraka.   

Comédien autodidacte professionnel depuis 1989 mais fier de venir du théâtre amateur. Kader Baraka a joué dans des collèges, des lycées, à l’université, dans des églises et des temples…

« C'est là justement qu'on peut rencontrer les vrais gens, si j'ose dire. Alors que dans les théâtres il n'y a jamais que des spectateurs de théâtre. » K.B

J’m’excuse est un travail de recherche sur la mémoire de la mine. Kader Baraka nous conte son histoire, fils de berger algérien ayant traversé la Méditerranée puis la France pour devenir mineur à l'abattage dans ce rude pays de l'Artois.

Comme beaucoup d’émigrés, ses parents étaient venus en France en passant retourner assez vite au pays.

Dans J’m’excuse, Kader nous parle avec rage de scènes ordinaires et courantes de racisme primaire, de la fracture entre sa culture et celle de son pays d’adoption, de la bêtise des gens et de leur ignorance, des odeurs du coron, de la vie à la mine et des petits histoires familiales…

Ce texte est né au fil de conversations entre Guy Alloucherie, metteur en scène et Kader Baraka, comédien, tous deux fils de mineurs.

Ces rencontres, ont eu lieu à l’ancien carreau de mine, lieu habité par des images et des souvenirs.

Un texte émouvant qui est malheureusement encore très actuel, le temps passe mais la bêtise, l’ignorance et le racisme sont toujours présents.

 

Okhty ("ma sœur" en Arabe)

© Claire Fasulo

"Dans la région, notre papa était une figure très aimée et respectée. Il avait notamment monté un spectacle où il parlait des mineurs immigrés, dont faisait partie son père. Nous réalisons aujourd’hui qu’avec notre création autobiographique Okhty (qui signifie ma sœur), nous prenons en quelque sorte son relais. C’est pourquoi nous avons décidé de nous faire accompagner par le metteur en scène Guy Alloucherie, ancien directeur de Culture commune - Scène nationale et grand ami de notre père.”

Lina et Sarah Baraka nous content leurs souvenirs d’enfance au sein d’une famille franco-algérienne, d’un père disparût trop tôt et d’une mère traumatisée par l’Algérie.

Sur scène, Lina et Sarah dessinent sur le sol, des cercles avec des noyaux qui constitueront des espaces de jeux, en arrière de plateau, suspendu sur un fil, un drap sur lequel apparait une vidéo où  leur mère vaque dans son appartement au milieu de vielles photos et d’anciens écrits…C’est un récit à trois voix.

Nous entrons dans l’intimité de ce cocon, leur mère nous conte l'arrivée au monde de Lina et Sarah qui sont jumelles, des brides de leur premières années. En farfouillant dans les boites contenant de vieux papiers, elle découvre le titre de séjour de leur père, père qui pourtant est né en France mais de nationalité algérienne...Cela les interpellent.

Les sœurs jumelles vont s’interroger, se remémorer les petits faits qui ont marqué leur existence, elles nous content avec émoi leurs incompréhensions enfantines devant la bêtise et le racisme de certains.

A travers des gestes tendres et quotidiens, les souvenirs reviennent, elles se questionnent sur leurs racines et leur identité, elles prennent conscience des réalités de notre société patriarcale et raciste.

Elles dansent et chantent en pensant à leur pays d’origine l’Algérie, se remémorent leur grand-mère qui portait toujours de jolis foulards…C’est avec un regard d’adulte qu’elles regardent le monde pour mieux construire l’avenir.

Lina et Sarah dénonce le racisme mais c'est avant tout un texte qui illustre leur  appartenance à une double culture.  

C'est pour notre plus grand plaisir que Lina évoluant dans le monde du cinéma et Sarah dans l'ex=écriture, se sont réunies avec leur mère dans un souvenir commun poursuivant le travail de leur père.

C’est un moment de théâtre touchant, Lina et Sarah Baraka sont émouvante et nous enchantent.

Claudine Arrazat

Archives familiales (c) DR

Réalisation du drapeau : Léa Brami / Création vidéo : Lina Baraka  / Création sonore : Koji  / Création et régie lumière : Lolo Craft Cros et Selma Yaker / Régie son : Lisa Castaignède-Pinaut / Conseils artistiques : Guy Alloucherie et Fatima Boughriet / Regards : Chams Leï*la Barkaoui, Léa-Anaïs Machado et Yasmine Yahiatène / Voix off : Fatima Boughriet, Lina et Sarah Baraka

Fabrique Théâtrale - Loos-en-Gohelle    

Culture Commune - Fabrique Théâtrale

scène nationale du Bassin minier du Pas-de-Calais

Rue de Bourgogne - Base 11/19 - 62750 Loos-en-Gohelle     Vendredi 15 mars 2024 - 20H00   Samedi 16 mars 2024 - 20H00

 22 mars 2024 I La Ferme d'en Haut (Villeneuve d’Ascq)
25 et 26 avril 2024 I Maison Poème (Bruxelles) 

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