(c) raynaud-de-lage-christophe-

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Poétique, Politique, Puissant. Poignant.

Sébastien Kheroufi découvre le théâtre à travers ce magnifique et poignant texte de Peter Handke  qu’il doit étudier lors d’un concours d’entrée aux écoles d’art dramatique. Il en est bouleversé.

‘Je me suis reconnu dans le parcours de Gregor qui, devenu écrivain, revient dans son village natal. Il a été évident pour moi de transposer le texte écrit en 1981 dans les années 90 en France, dans les cités auparavant mixtes, devenues des lieux de ghettoïsation.’ S.K

Sébastien Kheroufi rencontra Peter Handke qui l’accompagna dans sa création.

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Par les villages raconte l’histoire du quotidien. La vie des ouvriers, d’un chantier, d’un village et  d’une famille.

Le frère ainé Gregor est parti pour la ville, son frère et sa sœur  sont  restés au pays, l’un est ouvrier, l’autre vendeuse. Gregor devenu écrivain revient au village suite à une lettre de son frère Hans lui demandant de renoncer à l’héritage de ses parents en tant que fils ainé en faveur de sa sœur Sophie.

Mais les années ont passé, le monde rural s’efface, des nouveaux chantiers apparaissent pour donner naissance à la ville moderne. Un monde  disparait, un autre surgit, la voix des laissés- pour- compte s’élève.

Entre Gregor qui a réussit dans la vie et ses frère et sœur un fossé s’est creusé, leurs aspirations sont bien éloignées.

« Par les villages parle pour tous les laissés-pour-compte, pour tous les démunis » S.K

Avant de rejoindre nos sièges dans la salle du théâtre de Beaubourg, Gregor nous conte son histoire dans le hall.

Il nous parle des siens, de ses parents qui ont élaboré un jardin ouvrier, des relations avec son frère et sa sœur qui n'ont point  fait d’études, de son départ et son désir de réussir.

A-t-il trahi les siens ? Fallait-il partir pour construire sa vie ? Comment retrouver les siens aujourd’hui ?

Vingt minutes plus tard, nous rejoignons  la salle du grand théâtre pour suivre  le retour de Gregor au village.

Sébastien Kheroufi respecte avec grande minutie le texte original, seul quelques mots seront  adaptés: village deviendra cité...

La scénographie réalisée par Zoé Pautet, sobre et efficace,  nous mène en  France dans les années 90.

Au centre du plateau, un Algeco de chantier, c’est en cet endroit que Gregor vient retrouver son frère Hans, ouvrier travaillant loin de chez lui.

Hans et ses compagnons s’apprêtent à fêter leur dernier jour de travail. Hans présente ses collègues de travail à Gregor  en le sommant   de point les juger...

Tous sont les oubliés d’un monde en transformation. La rencontre entre frère s'avère difficile, ils vivent dans deux mondes parallèles.

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Le fossé entre Gregor et les siens s’élargit lorsqu'il retrouve Sophie sa sœur, qui doit élever la  voix pour lui faire comprendre ses désirs.

Gregor est un étranger dans ce village métamorphosé par la vie moderne où les mal-lotis essaient de se faire entendre.

Le plateau se couvrira peu à peu de terre, il apparaitra devant nos yeux la tombe des parents où nous rencontrerons une vielle femme  attristée par la disparition de l’ancien monde et de ses valeurs.

La mise en scène de Sébastien Kheroufi est dynamique, les scénettes s’enchainent avec puissance et vitalité.

Des dialogues en arabes, créoles ou espagnols nous transportent avec aisance dans le monde de la périphérie des villes d’aujourd’hui.

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Les comédiens Amine Adjina (Hans / Amar), Anne Alvaro (la vieille femme), Casey (Nova), Hayet Darwich (Sophie / Sofia), Ulysse Dutilloy-Liégeois (Ignaz / Ignace), Benjamin Grangier (Alain / Albin), Gwenaëlle Martin (l’intendante) et Lyes Salem (Gregor /Brahim) sont investis au plus profond d’eux même, la justesse et la puissance de leur jeu nous bouleversent.

La beauté de ce long poème constitué de magnifiques et profonds monologues, explose et porte jusqu’à nous la parole des oubliés. 

Le chœur composé entre autres par les habitants d’Ivry sur seine, intensifie les émotions.

‘La parole ici fait voir l'intime des choses, des faits et des gestes. Il y est parlé de ce qu'on néglige, de cet essentiel que l'on élude et qui fonde tout ce qui a lieu ; les mots deviennent des images et le théâtre se fait récit.’ Georges-Arthur Goldschmidt

 Merci à tous.

Claudine Arrazat

.Traduction de allemand Georges-Arthur Goldschmidt

 Éditions Gallimard

Assistanat de mise en scène  Laure Marion

Centre Ponpidou

Par les villages 16, 17, 20h, 18 février, 17h Grande salle, niveau -1

L’AZIMUT - Antony | Châtenay-Malabry
27 février 2024

Tag(s) : #TH Centre Ponpidou., #Critiques

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