© Vincent Pontet, coll. Comédie-Française, du Suicidé.

© Vincent Pontet, coll. Comédie-Française, du Suicidé.

Loufoque, Pertinent, Pétulant, Magnifique.

Nicolaï Erdman (1900-1970) est un dramaturge né en Russie, sa première œuvre dramatique, Le mandat, connaît un succès foudroyant en 1924 au TIM le théâtre de Meyerhold. En 1928, il écrit Le suicidé, une farce cocasse, une critique du totalitarisme, une réflexion sur le sens de l’existence ayant un rayonnement politique et philosophique, elle fut interdite par Staline, Nicolaï Erdman n' a pu la  présenter  au public de son vivant.

A Moscou dans les années trente, tout va mal pour Sémione Sémionovich, chômeur, dépendant de son épouse pour le vivre et le couvert. Un soir de déprime, au milieu de la nuit, alors qu’il a très envie de saucisson, sa femme croit comprendre qu’il souhaite se suicider. Le bruit circule, dès lors les représentants de l’intelligentsia, du petit commerce, de l’art, de la religion, vont essayer de le convaincre de rallier son suicide à leur cause pour interpeller le gouvernement Bolchevique. Nous sommes entrainés dans un tourbillon de réflexions politiques, métaphysiques, humaines et sociales qui dévoilent au grand jour les failles de l'état. Mais, lorsque arrivera l’heure de son suicide programmé, Sémione Sémionovich aura-t-il toujours envie d’offrir sa vie pour une de ces causes?

« Quand on coupe la tête des poulets, ils continuent à courir… » Sémione Sémionovich

© Vincent Pontet, coll. Comédie-Française, du Suicidé.

La belle scénographie d’Éric Ruf, représente une Kommunalka sur deux étages, ce  sont des appartements communautaires où salon, cuisine et toilettes sont communs (chacun s'y rend avec sa propre lunette). Ces logements sont toujours existants en Russie. Cette Kommunalka se transformera au gré du temps en stand de tir, en grande salle communautaire où se déroulent fêtes, réunions, spectacles....les costumes de Gwladys Duthil sont pittoresques et remarquables, nous voyageons en Russie au temps de Staline, c’est magique.

 

© Vincent Pontet, coll. Comédie-Française, du Suicidé.

Stéphane Varupenne, mène au cordeau la magnifique troupe de comédiens de la comédie française, tous, plus talentueux les uns que les autres, quel plaisir ! Les personnages loufoques, haut en couleurs, nous entrainent dans cette aventure avec fougue et enthousiasme. La musique a une grande place dans cette mise en scène, entre autre nous sommes emportés par la joyeuseté du banquet fêtant les dernières heures de l’existence de Sémmione  avec Vincent Leterme, au piano, Véronique Févre à la clarinette et Matine Leterne à la guitare. Les scénettes s’enchainent avec entrain et joyeuseté. Nous ne sommes point au bout de nos surprises. …

De par les costumes, les décors et la musique et sa mise en scène, Stéphane Varupenne privilégie l’époque de Nicolaï Erdman  mais nous ne pouvons éviter de faire le lien avec la situation actuelle de la Russie.

 

© Vincent Pontet, coll. Comédie-Française, du Suicidé.

Des comédiens fantastiques : Jérémy  Lopez se glisse dans la peau de Sémione « le suicidé » avec un immense talent, sa gestuelle, ses modulations de voix, son jeu sont d’une grande justesse. Sylvia Bergé , Florence Viala, Christian Gonon, Julie Sicard, Serge Bagdassarian ,Adeline d’Hermy, Clément Hervieu, Anna Cervinka, Yoann Gasiorowski, Clément Bresson, Adrien Simion, Léa Lopez, Melchior Burin des Roziers, l’entourent et interprètent avec grand brio des personnages fantoches, un peu caricaturaux mais non démunis de profondeurs.

Un vrai régal à venir partager avec cette belle troupe qui nous ravie et nous enchante.

Claudine Arrazat

© Vincent Pontet, coll. Comédie-Française, du Suicidé.

 Avec

Sylvia Bergé Grounia, une petite vieille

Florence Viala Sérafima Ilinitchna, mère de Macha

Christian Gonon Nikifor Arsentiévitch Pougatchov, un boucher

Julie Sicard Margarita Ivanovna Péresvétova, une gérante de restaurant

Serge Bagdassarian Aristarque Dominiquovitch Grand-Skoubik, un intellectuel

Adeline d’Hermy Maria Loukianovna (Macha), une salariée, épouse de Sémione

Jérémy Lopez Sémione Sémionovitch Podsékalnikov, un chômeur, époux de Macha

Clément Hervieu-Léger Igor Timoféïévitch Iégorouchka, un coursier de la police militaire

Anna Cervinka Cléopatra Maximovna, une bourgeoise romantique ; une modiste

Yoann Gasiorowski Viktor Viktorovitch, un écrivain

© Vincent Pontet, coll. Comédie-Française, du Suicidé.

Clément Bresson Alexandre Pétrovitch Kalabouchkine, un voisin, amant de Margarita

Adrien Simion Père Elpidy, un prêtre ; un type douteux ; un croque-mort

Léa Lopez Raïssa Filippovna ; une couturière

le comédien de l’académie de la Comédie-Française

Melchior Burin des Roziers un jeune homme ; Kostia ; un type douteux ; un croque-mort

et

Vincent Leterme Stépan Vassiliévitch Péresvétov, époux e Margarita et piano

Véronique Fèvre clarinette/ Hervé Legeay* guitare / Martin Leterme* guitare

*en alternance

 

texte français et adaptation Clément Camar-Mercier  / mise en scène Stéphane Varupenne / dramaturgie Clément Camar-Mercier / scénographie Éric Ruf / costumes Gwladys Duthil / lumières Nathalie Perrier / direction musicale et arrangements Vincent Leterme / son Colombine Jacquemont / travail chorégraphique Marlène Saldana / collaboration artistique Thibault Perrenoud / assistanat à la scénographie Dimitri Lenin

Comédie française  Place Colette  Paris 75001 du 11 octobre 2024 au 2 février 2025 en matinée à 14h, en soirée à 20h30

 

Tag(s) : #Th comedie française, #Critiques

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