Photo: Simon.Gosselin.

Photo: Simon.Gosselin.

Elégant, Harmonieux, Eloquent.

En octobre 1896, à Saint-Pétersbourg, la première représentation de La Mouette fut un échec et en fit perdre la voix  à Véra Komissarjevskaïa grande comédienne qui jouait Nina. Tchekhov n’en fut point ébranlé et deux ans plus tard, le public lui fit  un accueil triomphal au Théâtre d’Art de Moscou. Aujourd’hui, La Mouette est jouée  dans le monde entier de New-York à Bamako…..

Stéphane Braunschweig après près de 30 ans de direction de théâtres, décide de se consacrer désormais pleinement à son travail artistique. Il nous présente La mouette de Tchekhov qu’il avait déjà mis en scène au TNS en 2001.

Sur l’avant-scène, devant le rideau de fer, les personnages de cette tragi-comedie vont faire leur apparition: Macha fille de l’intendant du domaine Sorine, amoureuse sans espoir de Kostia, en compagnie de l’instituteur, Medvedenko, qui n’a d’yeux que pour elle. Paulina, femme de l' intendant au bras de son amant de longue date, le docteur Dom.  Apparaitront ensuite Chamraïev l’intendant du domaine, Sorine le propriétaire, conseillé d’état, fatigué et de santé fragile, sa soeur Irina mère de Kostia, comédienne  égocentrique accompagnée de son amant Trigorine, écrivain connu. Ils attendent tous avec impatience la présentation de la pièce de Kostia qui sera jouée par Nina la jolie voisine qui fait battre son cœur.

Photo: Simon.Gosselin.

A l'arrivée de Kostia, le rideau de fer se lève, sur un remarquable décor: au bord d’un lac asséché, une barque abandonnée git sur la rive, quelques tas de sables sont  épars de ci de là, le ciel est peuplé de mouettes à la recherche de nourriture... Dans ce paysage de fin du monde, Nina nous conte l’extinction des espèces, l’anéantissement et l’effondrement total de la vie sur terre.

Stéphane Braunschweig place la grande pièce de Tchekhov dans ce décor imaginé par Kostia pour présenter sa petite création sur le désastre écologique. De ce fait, la vision du monde de Kostia reste présente sous nos yeux au lieu d’être oubliée ou refoulée. Une revisite de la pièce qui nous interpellent fortement aujourd’hui. Que doit faire la jeunesse devant un avenir qui semble si sombre ?  Faut-il désespérer ? lutter ?...

« Cela permet à l’idée de cet effondrement de rester, comme en rémanence, dans l’esprit du public. » S.B

Photo: Simon.Gosselin.

Kostia a écrit cette  pièce pour Nina qui a passé son enfance près du lac à rêver en compagnie des mouettes mais il souhaite au plus profond de son cœur avoir  la reconnaissance de sa mère.  Rien ne se passe comme prévu, Irina est trop narcissique pour s’intéresser aux autres même s’il s’agit de son fils, aujourd'hui Nina souhaite avant tout devenir comédienne et pour  parachever le tout, Trigorine  tombent  sous le charme de Nina qui ne voit en lui que l'écrivain à succès qui peut booster sa carrière.. Mais le caprice de Trigorine durera peu, Nina touchera le fond  mais se relèvera.

Tchekhov nous décrit un monde où tous les protagonistes courent après le bonheur, après l’amour, après leurs désirs parfois inaccessibles. 

Photo: Simon.Gosselin.

La mise en scène de Stéphane Braunschweig est d’une très belle esthétique, il nous offre une version nouvelle qui met en avant  la crainte et le désespoir de Kostia  face à ce monde en perdition, toutefois un tempo un peu plus dynamique aurait été le bienvenu.

Les comédiens :Boutaïna El Fekkak : Macha, Denis Eyriey : Trigorine, Sharif Andoura : Dorn, Jean-Baptiste Anoumon : Medvendenko, Thierry Paret : Chamraïev, Ève Pereur : Nina, Lamya Regragui Muzio : Paulina, Chloé Réjon : Arkadina, Jules Sagot : Treplev (kostia), Jean-Philippe Vidal : Sorin,  nous mènent avec talent dans  le monde Tchekhovien.

Un plus pour Eve Pereur qui incarne avec brio et justesse Nina.

Sous les applaudissements du public, Julien Gosselin nouveau directeur du théâtre de l’Odéon vient saluer et remettre un bouquet de fleur à Stéphane Braunschweig ancien directeur , un beau geste de passation.

Malgré quelques lenteurs, c’est un beau moment de théâtre émouvant et remarquable.

Claudine Arrazat

Traduction : André Markowicz, Françoise Morvan / collaboration artistique : Anne-Françoise Benhamou / collaboration à la scénographie : Alexandre de Dardel / costumes : Thibault Vancraenenbroeck / lumière : Marion Hewlett / son : Xavier Jacquot / maquillages, coiffures : Emilie Vuez / assistant à la mise en scène : Jean Mass

Du 7 novembre – 22 décembre 2024 Odéon 6   Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h Relâches les lundis et le dimanche 10 novembre

 

 

 

 

Tag(s) : #Th de L'Odéon, #Critiques

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