L’invention de nos vies D’après Le Roman De Karine Tuil Mise En Scène Johanna Boyé

30 Septembre 2022

Dynamique, Éloquent, Poignant.

Johanna Boyé qui nous enchante depuis plusieurs années n’a pas failli à sa réputation.

Avignon 2016, elle adapte et met en scène La Dame de chez Maxim de Georges Feydeau, qui obtient trois nominations aux Molières 2017

Avignon 2018 Est-ce que j’ai une gueule d’Arletty ? d’Éric Bu et Élodie Menant au Mon coup de cœur du Festival Off.

Avignon 2019 Les Filles aux mains jaunes de Michel Bellier, pièce sur la naissance du droit des femmes.

Avignon 2020 Je ne cours pas je vole une nouvelle collaboration avec l’autrice et comédienne Élodie Menant sur le spectacle Je ne cours pas je vole,

Avignon 2021 Le visiteur d’Éric Emmanuel Schmitt

Dans une mise en scène dynamique, rythmée et magnifiquement orchestrée, s’entourant comme à son habitude de comédiens talentueux, Johanna Boyé nous offre un magnifique moment d’émotion théâtrale.

Johanna Boyé et Leslie Menahem adaptent avec brio le roman de Karine Tuil . La petite histoire d’un triangle amoureux va se heurter à la violence de notre société.

Samir brillant étudiant est amoureux de Nina, mais Nina va choisir Samuel écrivain fragile et sans envergure.

Devenu avocat, Samir quitte son milieu défavorisé, sa cité, sa mère femme de ménage et migre aux USA.

Il réinvente ses origines en empruntant celle de son ami Samuel et devient Sam Tahar brillant avocat époux d’une riche héritière juive.

Mais le respecté et talentueux avocat et rattrapé par son passé d’enfant des cités…

« Avec le mensonge on peut aller très loin, mais on ne peut jamais en revenir »

Ce texte riche et fort, nous interpelle sur la recherche de sa propre identité, le racisme, la religion, la violence du monde, l’intolérance, les différences sociales, la réussite financière…

Les scénettes s’enchainent avec dynamisme et vitalité. Les comédiens nous entrainent avec talent dans cette aventure frénétique de plus en plus énigmatique, pleine de péripéties et de rebondissements. Après un début chantant, virevoltant et dansant, la violence et la tension s’accentuent et nous tiennent en haleine.

La création musicale harmonieuse et rythmée de Mehdi Bourayou et la création lumières nuancée de Cyril Manetta intensifient les émotions.

La scénographie astucieuse de Caroline Mexme, nous transporte avec magie et élégance dans un luxueux appartement New-yorkais, en banlieue Parisienne, dans une boite de nuit, dans un cabinet d’avocat ...

Autour de Valentin de Carbonnières interprétant avec brio Samir, un homme pour qui la réussite financière était primordiale. Mathieu Alexandre, Yannis Baraban, Nassima Benchicou, Brigitte Guedj, Kevin Rouxel, Elisabeth Ventura jouent une trentaine de personnages, passant de l’un à l’autre avec aisance et justesse.

Un moment d'émotions théâtrales qui vaut le détour.

Bravo à toute cette belle équipe

Claudine Arrazat