La dernière Bande Samuel Beckett Mise en scène Jacques Osinski Interprété par Denis Lavant.

24 Juillet 2019

Bouleversant, Poétique, Performant.

Dans la pénombre, un bureau sur le lequel est posé un magnétophone à bande et quelques cartons. L’homme est assis, un grand silence règne, les minutes s’écoulent…

L’homme cherche une petite clé, se leve, ouvre un tiroir, sort une banane, il la caresse longuement et la déguste tranquillement, perdu dans ses pensées…

Cet homme se nomme Krapp, il vit dans la solitude. Tous les ans, le jour de son anniversaire, il enregistre les joies et les peines qui ont rempli l’année écoulée, auparavant, il écoute avec nostalgie une des bandes enregistrées quelques décennies plus tôt.

Aujourd’hui il est au crépuscule de sa vie, il choisit la bande numéro 5 de la boîte numéro 3. Il l’a enregistrée 20 ans plus tôt. La parole est donnée au magnétophone…

C’est ce retour au passé qui lui permet d’exister. Il se moque de lui-même, il commente,c’est troublant.

" Viens d'écouter ce pauvre petit crétin pour qui je me prenais il y a trente ans..."

Puis il rend hommage à un amour perdu irrémédiablement…Ce souvenir il l’écoute, le réécoute et cela l’apaise.

« Elle était couchée sur les planches du fond, les mains sous la tête et les yeux fermés. Soleil flamboyant, un brin de brise, l’eau un peu clapoteuse comme je l’aime… »

Enregistrera-t-il une dernière bande aujourd’hui ?

Ce texte un peu difficile de Beckett est une pièce en un acte pour un personnage avec magnétophone, écrite en anglais en 1958.Samuel beckett l’a traduit lui-même en 1959 cette même année, elle a été jouée au théâtre de la Contrescarpe par Jacques Bouzerand, en présence de Suzanne Beckett.

Aujourd’hui, Denis Lavant interprète avec grand brio Krapp. IL nous émeut, nous captive et nous bouleverse. Sa voix profonde, ses silences remplis d’émotions et sa gestuelle se mêlent et comme une flèche aiguisée nous tranperce cœur.

Claudine Arrazat