© Sakura

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Une soirée pluvieuse et remplie d'émotions

Le 6 juillet, 21h l’orage gronde, une pluie torrentielle s'abat sur 2000 spectateurs attendant  pleins d’espoir de pouvoir assister à La cerisaie.

A 23h le plateau est inondé, la pluie faiblit.  Une annonce «Le spectacle aura lieu».

Certains impatients ou pessimistes pensant que la représentation serait annulée, ont désertés la place du Palais mais les amoureux de théâtre trempés et grelotants sont là.

Taigo Rodrigues sous un flot d’applaudissements nous informe que malgré les intempéries, les comédiens ont décidé de jouer , mais la mise en scène  en sera quelque peu  changée, les musiciens ne seront point sur un plateau mobile mais  à l’intérieur ainsi que le piano, les luminaires-cerisiers seront éteints. Pas grave, nous sommes si heureux de voir La Cerisaie.

Après avoir vécu plus d’une année de pandémie, nous vivons tous anxieux du futur, ce soir nous avons eu l’incertitude de cette fin de soirée et nous voici plongés dans la Cerisaie avec Lioubov et sa famille dans le désarroi et l’angoisse des changements et de l'avenir.

Après la noyade de son fils, et la mort de son époux, Lioubov a migré à Paris où elle a mené une vie insouciante. Cinq ans plus tard, désargentée  en partie par un amant et désespérée, elle est de retour.

Lopakine, fils de de moujik devenu riche marchand, rêve de cette Cerisaie où son père et son grand -père travaillaient .en tant que serviteurs..

Photos © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

Sur scène, les chaises du passé (celles anciennement de la cour d'honneur) qui disparaitront petit à petit pour donner place à un espace vide où la reconstruction pourra  avoir lieu..

Lopakine attend les voyageuses, Lioubov en compagnie de sa fille Ania et de sa gouvernante. Toutes deux parties à Paris pour rapatrier Lioubov dans sa demeure.

Photos © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

Une onde de joie envahie le plateau.

Tous fêtent en chantant le retour de Lioubov , c’est dynamique, joyeux,chaleureux.

« Quel bonheur

finalement

arriveé

ici pour toujours

oh de retour de retour »

 

Mais Lioubov devra revenir à  la réalité moins réjouissante.

Ruinée, va t elle se résoudre à vendre cette magnifique Cerisaie ...

Photos © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

 

Isabelle Hupert parfois fantasque, trépignant de joie tellement heureuse de retrouver sa Cerisaie, nous amuse et nous nous émeut puis mélancolique, fracassée, perturbée de devoir la vendre, nous chavire.

« …. je ne comprend pas ma vie sans la Cerisaie .Si il faut la vendre et bien qu’on me vende avec….. »

 

Adama Diop magistral, interprète avec un immense talent ce fils de moujik devenu un riche marchant. Sa voix résonne dans la cour des Papes et ses mots  vont droit au cœur et nous transpercent. C’est grandiose.

« J’ai acheté le domaine où mon père et mon grand-père étaient esclaves, où ils n’avaient pas le droit de rentrer à la cuisine »

 

De par leurs gestuelles et la justesse de leur jeu.

Photos © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

Isabel Abreu (la gouvernante Charlotta) / Tom Adjibi (le comptable Epikhodov) / Nadim Ahmed (Iacha) / Suzanne Aubert (Douniacha) / Marcel Bozonnet (Firs, le majordome) / Océane Caïraty (Varia, intendante, fille adoptive de Lioubov) /  /Alex Descas (Gaev, le frère) / David Geselson (l’étudiant Trofimov) / Grégoire Monsaingeon (Simeonov Pichtchik) / Alison Valence (Ania, fille de Lioubov),  nous enchantent et nous réjouissent.

Les costumes de couleurs franches, de texture soyeuse sont élégants. C’est d’une esthétique raffinée.

Tiago Rodrigues nous offre des moments magiques.

Photos © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

 

 

Des spots éclairent par moment la magnifique architecture des lieux.Les fenêtres en vitraux du palais de Papes s’éclairent dans la nuit, chacun se met à danser au son d’une une musique émouvante et douce, c’est bouleversant….

 

 La cerisaie est vendue la musique devient lancinante et les spectateurs ont les larmes aux yeux…

Il est 1h30 mercredi 7 juillet les comédiens sont acclamés et une tornade d’applaudissements jaillit. Nous sommes un peu frigorifiés et humides mais quel grand moment de théâtre.

Bravo à tous c’est grandiose. Merci.

Claudine Arrazat

Photos © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

 Les musiciens Manuela Azevedo, Hélder Gonçalves

Scénographie Fernando Ribeiro / Lumière Nuno Meira

Costumes José António Tenente

Musique Hélder Gonçalves (composition), Tiago Rodrigues (paroles)

 

 

 

Production Festival d’AvignonCoproduction Odéon-Théâtre de l’Europe, Teatro Nacional D. Maria II, Théâtre National Populaire de Villeurbanne, Comédie de Genève, La Coursive Scène nationale de la Rochelle, Wiener Festwochen, Comédie de Clermont-Ferrand

Durée estimée : 2h30

Festival d’Avignon 2021Cour d’honneur du Palais des Papes ;du 5 au 17 juillet 2021

Teatro Stabile di Napoli, Naples ;du 23 au 25 juillet

Teatro Nacional Dona Maria II, Lisbonne du 9 au 19 décembre

Odéon-Théâtre de l’Europe, Paris du 7 janvier au 20 février 2022

Théâtre de Liège les 26 et 27 février

Comédie de Genève du 10 au 19 mars

Wiener Festwochen du 26 au 29 mai

La Comédie de Clermont-Ferrand du 3 au 5 juin

Holland Festival, Amsterdam du 10 au 12 juin

Théâtre national populaire, Villeurbanne du 3 au 16 septembre

La Coursive, La Rochelle du 23 au 25 septembre

National Taichung Theatre, Taïwan du 18 au 20 mars

 

 

Tag(s) : #Avignon 2021, #Critiques

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