Captivant, Magnifique, Poignant.
Le tome VIII de la comédie Humaine est: 'Illusions perdues', un volume monstre, une œuvre capitale. Il a fallu de longues années à Balzac pour mener à bien son œuvre. Les deux poètes (Les belles illusions de la jeunesse), premier épisode, paru en 1837, Un grand homme de province à Paris (Illusions perdues) en 1839, Les souffrances de l’inventeur en 1843. Les trois parties d’illusions perdues s’enchainent étroitement.
Splendeurs et Misères des Courtisannes est la suite d'Illusions perdues, chez Balzac, les œuvres et les personnages se croisent et s'enchevêtrent,
Le nouveau théâtre populaire explore l’idée d’un nouveau théâtre, il est née à l’été 2009 dans un jardin de Fontaine-Guérin, village de mille habitants, situé au cœur du Maine-et-Loire. Ses membres ont construit une scène en bois en plein air. Des principes simples guident le fonctionnement de leur collectif. Actuellement, ils forment une troupe de vingt-et-un membres : actrices, acteurs, administratrice, régisseurs et costumières.
Aujourd'hui, ils nous réjouissent et nous enchantent dans cette nouvelle création.. Emilien Diard-Detoeuf, Léo Cohen-Paperman, Lazare Herson-Macarel nous offrent avec grand talent trois magnifiques mises en scène riches, différentes et passionnantes : opérette, comédie, tragédie, qui sont ponctuées par de petits intermèdes haut en couleur : La dernière nuit. Balzac viendra de temps à autre nous éclairer et nous guider dans ce 18 -ème siècle en pleine mouvance
*** La Dernière nuit d’après la vie d’Honoré de Balzac [Intermède onirique] Conception Pauline Bolcatto et Sacha Todorov Mise en scène Pauline Bolcatto.
Remarquable, Chaleureux, Divertissant.
Trois intermèdes :Paradis, Purgatoire, Enfer, nous plongent dans les nuits mouvementées de Balzac insomniaque et grand buveur de café. Autour du bar, au-delà de la scène, nous faisons connaissance avec Balzac entouré d’une faune de personnages mirobolants qui habitent son esprit et qui peuplent Notre comédie humaine. La musique jaillie, madame de Bargeton pousse la chansonnette, Lucien Chardon vient nous serrer la main, Balzac, George Sand nous saluent…. Plus tard, lors du dernier intermède, nous rencontrerons l’ankou.
Une Comédie humaine qui se joue et se rejoue éternellement à travers les siècles avec des poèmes et des textes philosophiques. C’est vivant et nous mène avec finesse d'un spectacle à l'autre, en nous en donnant le ton et la couleur. La conception Pauline Bolcatto et Sacha Todorov est pertinente, la mise en scène Pauline Bolcatto est dynamique et orchestrée avec talent.
***Les Belles illusions de la jeunesse d’après Honoré de Balzac [Opérette] Adaptation et mise en scène Emilien Diard-Detoeuf Composition Gabriel Philippo.
Pétillant, Pétulant, Réjouissant.
Qui connait Angoulême, connait la ville basse qui s'étend au bord de la Charente et la ville haute bourgeoise et plus huppée. Au début du 18-ème cette différence était grandement plus marquée qu'aujourd'hui. Lucien Chardon (de Rubempré) jeune homme d’Angoulême, de noble famille maternelle, vit dans la partie basse avec sa jeune sœur Eve, blanchisseuse. Lucien écrit de la poésie et a pour unique souhait de devenir célèbre il rêve d'être entendu et reconnu dans la société du Haut. Au détour d’un chemin, il rencontre David, un jeune imprimeur qui souhaite faire prospérer et moderniser l’imprimerie que son père vient de lui léguer, c’est l’époque où les rouleaux à distribution d’encre faisaient leur apparition à Paris. Tous deux sont pleins d’ambitions, ils ont la jeunesse pour atout. Nous allons suivre avec passion leur ascension, principalement celle de Lucien. Va-t-il franchir les remparts de la ville basse et être reçu dans le salon mondain de Madame Louise de Bargeton? Jusqu’où vont nous emmener les élans de la jeunesse, l’ambition, les jalousies et les amours qui parcours ce roman?
La mise en scène de Emilien Diard-Detœuf met en lumière les illusions, les rêveries et la fougue de la jeunesse. Sur le plateau, un joli petit théâtre d’opérette où vont se croiser une multitude de personnages haut en couleurs, entre autres les angoumoisins qui sont fabuleux, pétillants et inoubliables. Tous les personnages sont magnifiquement vêtus, joliment grimés, certains portent des maques très pittoresques, c’est coloré et d’une belle esthétique. La composition musicale de Gabriel Philippo nous transporte avec joie et dynamisme auprès de ce jeune Lucien encore plein d’illusions....
***Illusions perdues d’après Honoré de Balzac [Comédie] Adaptation et mise en scène Léo Cohen-Paperman.
Puissant, Bouillonnant, Captivant.
Balzac dans son roman évoque la monté, la puissance et la force du journalisme sous la restauration, il en fait une critique virulente. Dans ce milieu, nous retrouvons notre poète qui souhaite publier ses sonnets mais difficiles de se faire une place dans la jungle parisienne. Lucien trahira les siens pour parvenir à ses fins, nous le retrouverons journaliste corrompu puis chansonnier misérable pour offrir un enterrement à sa maîtresse… Comment Lucien, ce jeune provincial, peut-il trouver son chemin dans le labyrinthe de la vie ?
L'adaptation et mise en scène percutante de Léo Cohen-Paperman nous plonge dans les méandres du monde journalistique où l’argent, le pouvoir et la renommée passent bien avant la vérité et l’honnêteté. Léo Cohen-Paperman fait ressortir avec grande justesse la résonnance avec notre monde d’aujourd’hui. Sur la plateau, une pyramide, qui représente la société, plus on monte les étages moins il y a de places….Tous les personnages sont présents, en haut de la pyramide Louise de Bargeton, Sixte du Chatelet, la Marquise d'Espard puis les journalistes, plus bas des étudiants idéalistes… Julien essaiera de monter les étages mais attention ça glisse…..Coté cour, une buvette tenue par Balzac où nos protagonistes iront se restaurer de quelques pommes de terre..? Nous sommes plongés dans une comédie humaine qui se nourrit, écrit, crie, se bagarre, se révolte, se trahie, fait l’amour…..C 'est passionnant et époustouflant tant notre société s'y reflète.
***Splendeurs et misères d’après Honoré de Balzac [Tragédie] Adaptation et mise en scène Lazare Herson-Maca.
Fascinant, Poignant, Palpitant.
Lucien après ses déboires parisiens, est rentré à Angoulême, Carlos Herrera, ancien forçat déguisé en prêtre espagnol (Vautrin), le sauve du suicide et souhaite le mener à la fortune et à la gloire. Nous les retrouvons de retour à Paris. Lucien tombe amoureux de la belle Esther, mais un riche banquier Nucingen crève d’amour pour elle. Carlos Herrera qui désire redonner son rang à Lucien dont il est amoureux, désire lui faire épouser la fille du Duc de Grandlieu, Clotilde, mais pour arriver à ses fins il faut sacrifier Esther….Passions amoureuses, tentations du mal, appât de l’argent, tromperies, haine, violence, escroqueries, mensonges, meurtres, suicides, c’est étourdissant, nous croisons bourgeois, bandits, gens du peuple, arrivistes…Une comédie humaine grandiose!
Adaptation et mise en scène de Lazare Herson-Macarel est fascinante, dans la pénombre, sur un plateau vide, les comédiens tous vêtus de noir ouvrent le spectacle dans une chorégraphie violente et frénétique qui nous submerge. Leur lutte est sans espérance dans un monde sans merci, c'est bouleversant.
Un magnifique triptyque où nous suivons l'ascension et la chute de Lucien en ce début de 18-ème en pleine effervescence. Les comédiens glissent avec aisance de la comédie musicale à la tragédie, ils sont époustouflants, ils chantent, dansent, miment et jouent avec grand talent et justesse. Une troupe vraiment magnifique qu'il faut absolument allez voir et applaudir. Vous serez agréablement surpris.
Claudine Arrazat
Valentin Boraud: Lucien Chardon (de Rubempré) Philippe Canales: Camusot Vautrin, dit Carlos Herrera Émilien Diard-Detœuf :David Séchard / Émile Blondet Thomas durand : Francis du Hautoy / Étienne Lousteau / Alexandre ClovisFouin : Andoche Finot / Frédéric de Nucingen Joseph Fourez: Monsieur de Bargeton / Dauriat / Europe Elsa Grzeszczak: Louise de Bargeton / Clotilde de Grandlieu Lazare Herson-Macarel: Raoul Nathan / La cantatrice Frédéric Jessua: Honoré de Balzac Kenza Laala: Amélie de Chandour / La Marquise d’Espard / Esther Morgane Nairaud: George Sand / Ève Chardon, Stanislas de Chandour / Coralie / Lydie Flannan Obé: Sixte du Châtelet / Duc de Grandlieu Sacha Todorov: Pianiste / De Marsay Charlotte Van Bervesselès Horace Bianchon / Asie Samy Zerrouki: Daniel d’Arthez / César
Scénographie : Jean-Baptiste Bellon : / Lumières : Thomas Chrétien / costumes : Zoé Lenglare, Manon Naudet / son : Camille Vitté / maquillage, coiffure : Pauline Bry-Martin / chorégraphie : Georgia Ives / régie générale, régie plateau : Marco Benigno, Thomas Mousseau-Fernandez / collaboration artistique : Julien Campani, Lola Lucas, Sacha Todorov / assistanat à la mise en scène : Louise Bachimont, Janna Behel Création août 2024 au Festival du Nouveau Théâtre Populaire, Fontaine-Guérin (49)
Théâtre de la tempête Cartoucherie – Route du Champ-de-Manœuvre 75012 Paris du 2 au 24 nov. 2024
Spectacle en 3 épisodes précédés d’un intermède-onirique :
Les Belles Illusions de la jeunesse (opérette) adaptation et mise en scène Émilien Diard-Detœuf composition Gabriel Philippot durée : 1 h 25 mercredi > 20 h
Illusions perdues (comédie) adaptation et mise en scène Léo Cohen-Paperman durée : 1 h 55 jeudi > 20 h
Splendeurs et misères (tragédie) adaptation et mise en scène Lazare Herson-Macarel durée : 1 h 50 vendredi > 20 h
La Dernière Nuit (intermèdes) conception et mise en scène Pauline Bolcatto mercredi, jeudi, vendredi > 19 h 30 samedi et dimanche > 14 h 30 et à chaque entracte
intégrales durée : 6 h 40 avec deux entractes samedi et dimanche > 15 h
Le spectacle Le Ciel, la nuit et la fête (Le Tartuffe / Dom Juan / Psyché), créé au Festival d’Avignon en 2021, sera aussi en tournée cette saison :
du 15 au 18 janvier Le Trident - Scène Nationale de Cherbourg
du 22 au 25 janvier Théâtre de Caen
du 5 au 8 février La Commune – CDN d’Aubervilliers