Festival des langues françaises   Direction : Ronan Cheneau, pour le CDN de Normandie – Rouen du 12 au 16 MARS 2024

Le festival des langues françaises nous propose des textes de théâtre venus des quatre coins du monde, écrits en français depuis l’Afrique, les Caraïbes, le Moyen Orient, l’Amérique…

Des extraits de textes sont joués par des artistes et compagnies de Normandie et d’ailleurs mais aussi par de jeunes amateurs heureux de présenter devant un public le fruit d'un certain travail.

Ce sont de belles rencontres insolites qui permettent de découvrir de nouveaux auteurs et d’inciter la curiosité à aller plus loin, de découvrir un livre, un écrivain.  

Ces textes deviendront peut-être un jour de beaux spectacles.

Ces femmes et ces hommes de différents pays, nous content leurs joies, leurs colères, leurs désirs, leurs revendications, leurs engagements…
La gratuité de ce festival permet à tous les publics de venir découvrir et partager ces créations.

Dans ce cadre, le mercredi 13 mars:

18H30 LaboVicor-Hugo ont eu lieu pour notre grand plaisir:La faiseuse d'anges, un texte de Nathalie Hounvo Yèkpè, Tom un texte de Stéphanie Mangez.

20h30 ~ Théâtre des 2 rives à Rouen Petit Guide Illustré Pour Illustre Grand Guide de Edouard Elvis Bvouma.

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LA FAISEUSE D’ANGES.    Un texte de Nathalie Hounvo Yèkpè  mis en espace par Laëtitia Ajanohun avec Tella Kpomahou et Ulrich N'Toyo.

En partenariat avec la Chartreuse de Villeneuve-les- Avignon

Nathalie Hounvo Yèkpè est comédienne, metteuse en scène et autrice béninoise particulièrement engagée dans le combat pour les droits des femmes.

Elle a écrit Course aux noces, Les vivants dans l’ombre ainsi que La Faiseuse d’anges qui a été finaliste du prix théâtre RFI remporté par le camerounais Éric Delphin Kwégou en 2023.

La faiseuse d’ange est développée dans le cadre du dispositif Texte en scène du Centre Culturel de Rencontre Internationales John Smith de Ouidah avec l’accompagnement du dramaturge Ronan Chéneau.

« En 2021 alors que j’étais en plein chantier d’écriture de Course aux noces, ma pièce qui traite des rapports homme-femme en Afrique de l’ouest, une nouvelle à priori excellente me parvint : une loi autorisant l’avortement est votée dans mon pays. …. Les publications sur les réseaux sociaux se multiplient sur le sujet. L'église catholique et particulièrement la Conférence des évêques s’y oppose et mène une campagne contre son instauration. Dans un journal de la place, je tombe sur un article qui me bouleverse et qui indéniablement fera naître en moi le désir profond d’écrire une pièce sur le sujet."Faiseuses d'anges". » N.HY

Sur le plateau, un couple Tella Kpomahou et Ulrich N’Toyo sont perdus,  leur fille a disparue. Le voisinage et les amis ont envahi leur demeure pour les soutenir mais très vite tout ce beau monde est renvoyé dans ses pénates.

Mais pour quelle raison, leur fille a-t-elle disparue ? As-t- elle connu un homme ?

A cours de leurs questionnements, le père qui est un homme important socialement, énonce avec force et conviction, en bon patriarche machiste, tout ce qu’il a ordonnancé pour encadrer et protéger sa fille des garçons, c’est un personnage autoritaire et tranchant.  

La mère, donne timidement son point de vue,  on ressent une certaine frustration, une quête profonde à la liberté refoulée depuis des années…une femme encore sous le joug de son époux.

Ce début de mise en bouche, incite notre curiosité, on a envie de découvrir la suite que l’on peut imaginer assez dramatique, le titre nous fait frémir dans un monde où le patriarcat règne en maitre.

*Les faiseuses  d'anges existaient dans bien des pays avant la loi pour l'avortement et bien des femmes de tous pays ont perdu la vie.

TOM. Un texte de Stéphanie Mangez mis en espace par Jeanne Louvard avec les élèves de la Littoralité Francophone : B. Arias, C. Caron, C. Davis, J. Béné, M. Gomes Da Rochas, M. Vaquer

Stéphanie Mangez est née en 1981 à Bruxelles. Après une licence en droit, elle entre au conservatoire de Mons en Art Dramatique. Elle a écrit une dizaine de pièces éditées chez Lansman, dont « Debout !», et "Tom", primées et traduites.  
Elle est cofondatrice de la compagnie théâtrale MAPS et de la compagnie La Tête à l’Envers.

Tom est sur le point de devenir père. Il repense à son enfance et se pose mille questions sur son devenir, va-t-il assumer la paternité….

"La vie, ça ne démarre pas toujours sur les chapeaux de roues d'une grosse cylindrée et il vaut mieux le savoir tout de suite."

Un petit retour dans le temps nous mène dans la famille d’accueil où Tom est arrivé à l’âge de 7ans.

Le jeune garçon de la famille, Achille, lui pose mille questions, cela perturbe et peine Tom qui ne répond point. Les parents d’Achille essaient de faire au mieux mais c’est difficile pour Tom, surtout après les visites périodiques chez sa mère adepte à l’alcool… 

Suite à cet extrait, les questions fusent et nous voulons savoir si : Tom trouvera sa place et s’épanouira dans cette nouvelle famille ? S’il retournera chez sa mère ? Si plus tard il sera un bon père ? La solution est de courir acheter le livre.

Tom, publié aux Éditions Lansman, est joliment illustré par des dessins de Fabienne Loodts, témoins de la solitude, des angoisses et des espoirs des différents personnages.

Le texte de Stéphanie Mangez est éloquent et pose bien des questions sur ces enfants au parcours difficile. Sa pièce, Tom, sera montée au festival Off d’Avignon en 2024 dans une mise en scène de Jean-Luc Voyeux.

*Le néologisme Littoralité signifie zone de contact, de rencontre des différences, comme se rencontrent l’eau et la terre dans le littoral ou encore la littérature et l’oralité dans les arts

Edouard ElvisBvouma © DR

Sortie de résidence Petit Guide Illustré Pour Illustre Grand Guide de Edouard Elvis Bvouma mise en espace Sara Amrous  avec Jacques Bonnaffé, Eytan Bracha.

Edouard Elvis Bvouma est né en 1982 à Kribi au Cameroun. Auteur, metteur en scène et comédien, Lauréat du Prix RFI Théâtre 2017 avec La Poupée barbue.  Edouard Elvis Bvouma est l’un des représentants du renouveau littéraire camerounais. Il a cofondé la compagnie Zouria Théâtre et organise au Cameroun, une biennale d’écriture intitulée Contextheatral (Chantier Contemporain du Texte Théâtral).

Edouard Elvis Bvouma , dit s’être inspiré du Petit Prince de Saint-Exupéry dans la construction du texte et des photos et du Prince de Nicolas Machiavel qui est le livre de chevet des monarques et des grands dictateurs de ce monde.

Edouard Elvis Bvouma nous offre un texte percutant, drôle, engagé, politique. Il aime jouer avec les mots, les non-dits, les métaphores, les situations. C’est fourmillant de créativité, de drôlerie, de profondeur et de puissance.

Il nous conte une histoire rocambolesque, pleine d’ironie et de vérité qui met en émoi et en effervescence le Grand Guide Dictatorial.

Un écrivain, auteur du 'Petit Guide illustré pour illustre grand guide',au succès scandaleux,  va à travers multiples pamphlets faire jaillir la violence du pouvoir au Grand Guide, 'Guide ultime illustre et ultra suprême de la principauté de Guidée', en lui prodiguant maintes recommandations extravagantes et fantasques avec finesse et prouesses.

« Le Grand Guide : Je vous cite, « Un guide doit être bon pour son peuple mais le Guide ne doit jamais être trop bon. Car si le Guide devient trop bon, cerise sur le gâteau, le guide trop bon finit par devenir un guide bonbon », fin de citation. Et vous ne dessinez ni cerise, ni gâteau, ni bonbon, mais un nounours et vous mettez en légende : « La triste fin d’un Guide trop bon ». C’est dire que mon excès de bonté fera que le peuple me regarde comme un nounours ?

L’auteur : Ce n’est pas un nounours-là, mon guide. C’est un petit garçon.

Le Grand Guide : Et où est le bonbon ?

L’auteur : Dans la bouche du petit garçon. Ainsi, trop de bonté pourrait rendre le Guide bon à disparaître comme un bonbon dans la bouche d’un enfant. »

L’auteur pour notre plus grand plaisir à inviter l’acteur et comédien Jacques Bonnaffé (deux fois nommé aux César, trois fois aux Molières) qui nous ravie par son talent et sa gestuelle, à donner la réplique à Eytan Bracha, issu du Conservatoire de Rouen, jeune comédien brillant qui nous réjouit.

Un vrai régal qui donne envie de découvrir les autre textes d' Edouard Elvis Bvouma

Claudine Arrazat

Tag(s) : #CDN de Rouen, #Critiques

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