© Dimitri Klockenbring

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Percutant, Puissant, Eloquent.

Aïla Navivdi est née en France de parents Iraniens réfugiés politiques, ils se sont battus contre une monarchie, rêvant de démocratie et ont finalement fui pour la France. Aïla éprouva le besoin de laisser une trace de l’histoire, du combat et de l’exil de ses parents. Un devoir de mémoire, d’amour, de respect.

Quelques repères.

En Janvier1979, face au soulèvement populaire, le Shah d’Iran est contraint à l’exil après 38 ans de règne, fin de 2500 ans de despotisme un an plus tard, il décède au Caire.

En février 1979 la République islamique est proclamée, Khomeini est de retour en Iran après 14 ans d'exil en Irak puis en France. Et s’installe au pouvoir, s'appuie sur les milices armées et sur le clergé pour asseoir son pouvoir jusqu'à sa mort en 1989. Après son décès en juin 1989, Ali Khamenei,devient guide suprême de L’Iran.

Depuis le 3 août 2021  Raïssi est le nouveau président de l’Iran, un pur produit du régime , poulain ​du guide suprême Ali Khamenei et partisan sans états d’âme de la manière forte.

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Dans une mise en scène fluide et magnifiquement orchestrée, nous allons voyager entre de Paris et Téhéran, des années 70 lors de la révolution iranienne au le 16 septembre 2022, mort pour une mèche de cheveux dépassant de son voile, de  Mahsa Amini

Yalda, est née à Paris le 9 octobre 1981, ses parents Fereydoub et Mina Farhadi, sont des réfugiés politiques. Yalda Farhadi vient d’être mère et souhaite que son enfant porte le nom de ses deux parents, le sien et celui d’Edouard son époux. Mais Edouard le papa a oubli d’accoler les deux noms en déclarant sa fille à la mairie. Yalda est fortement contrariée, son nom est le lien avec l’Histoire de sa famille, les racines de sa fille.

Yalda va nous raconter son pays, le passé de ses parents mais aussi la réalité effroyable et terrifiante qui sévit d’aujourd’hui en Iran.

Fereydoub et Mina ont participé à la révolution populaire contre le Shah dans les années 1970 puis engagés dans la lutte contre la répression du régime de Khomeini. Étant en danger, risquant la peine de mort, ils ont dû quitter l’Iran et fuir en France, pensant revenir bien vite dans leur pays.

« Quand nous sommes partis, nous pensions que c’était pour 6 mois, ça fait 35 ans. » Ferydoub

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Nous sommes par intermittence :

*A Paris dans un petit studio où Yalda grandit dans une ambiance chaleureuse et joyeuse, les chants traditionnels iraniens et les odeurs gouteuses de la cuisine du pays emplissent la maisonnée, elle parle farsi avec les amis de ses parents venus en visite du pays, elle va à l’école où elle essaie de trouver sa place au milieu de ses camarades.  En grandissant, elle se questionne, cherche à comprendre et à connaitre son histoire.

*A Téhéran  où nous revivons les jours terribles de la répression qui malheureusement sévit toujours de nos jours.

La mise en scène orchestrée avec grande minutie nous transporte avec aisance et vitalité de Paris à Téhéran, des années 70 à nos jours.

 La scénographie de Caroline Frachet  simple nous méne avec brio d’un univers à l’autre, des tapis persans au sol recouverts de 'feuillage' qui symbolisera de la poussière pour la visite de l’appartement, des pétales de roses pour le mariage, des confettis pour l’anniversaire…En fond de scène, un voile derrière lequel se jouent les violences et les atrocités que Fereydoub a subi et que  subissent encore les Iraniens.

© DR

Les comédiens nous conduisent  avec talent et conviction de Paris à Téhéran, des années 70 à nous jours.

Aîla Navidi, ‘la mère’, Florian Chauvet ‘le père’ nous émeuvent, on ressent une belle complicité entre eux.

Olivia Pavlou-Graham est remarquable, elle incarne Yalda avec justesse et grand talent.

A travers 4211 km, distance qui sépare Paris de Téhéran, Aïcha Navidi nous conte l’histoire, le combat, l’éloignement, le courage,  l’espoir du retour, d’une famille iranienne mais c’est aussi le vécu de beaucoup exilés qu’ils soient Espagnols, Italiens, Russes blancs, Juifs de l’Est, Chiliens, Maghrébins… qui font partie intégrante de notre société.

Claudine Arrazat

Distribution : Avec June Assal en alternance avec Lola Blanchardxq, Sylvain Begert en alternance avec Thomas Drelon, Benjamin Brenière en alternance avec Damien Sobieraff, Florian Chauvet, Alexandra Moussaï en alternance avec Aïla Navidi, Olivia Pavlou-Graham

Lauréate du fond Sacd,
Prix du Jury professionnel, Prix du Public, Prix du Jury Jeune, du concours des compagnies du Festival d’Anjou 2023,
Prix du public et Mention spéciale du prix Théâtre 13 – 2022.

Carré Marigny
75008 Paris  Du 10/01/24 au 31/03/24

Tag(s) : #Critiques, #Studio Marigny

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