Photo-simon-gosselin-

Photo-simon-gosselin-

Puissant, Émouvant, Magnifique.

Wajdi Mouawad nous fascine et nous chavire . Son écriture riche,  profonde, pleine de poésie, de tolérance et d’amour scrute aujourd’hui, les chemins du possible de Talyani un jeune libanais né en  1968.

La guerre du Liban sévit depuis 1975.

En 1978, Talyani a 10 ans, sa famille va-t-elle rester à Beyrouth ou quitter le Liban pour la France, le Canada, l’Italie, le Texas, Miami.?

Les parcours de vie qui s'offriront à Talyani  seront certainement bien différents  en fonction du  choix de sa famille. 

Cela  déterminera son environnement, ses rencontres, son apprentissage à la vie et façonnera ses pensées, ses affinités,  ses actes et son être profond.

C’est ce que nous conte Wajdi Mouawad.

"Que serais-je devenu si j’étais resté au Liban? Que serais-je devenu une arme à la main? "— Wajdi Mouawad, Le Poisson soi, éditions Boréal coll. « Liberté grande »,

Photo-simon-gosselin-

 

Nous allons suivre cinq trajectoires possibles pour ce jeune garçon marqué par la guerre et le déracinement. 

 

Wajdi Mouawad   nous entraine dans une gigantesque tragédie où l’engagement politique et artistique, la religion, la sexualité, la philosophie se manifestent.

Les questionnements fusent  sur la peine de mort, la destruction de l’environnement, la violence faite aux femmes…

En fond de scène sont projetés les différents lieux et dates qui nous guident pour  traverser cette magnifique fresque théâtrale.Wajdi Mouawad entrelace les pays et le temps avec habilité et grand talent.  Nous voyageons de Rome à Paris, en passant par Montréal, Livingstone au Texas ou Beyrouth avec grande aisance. 

Nous assistons avec émoi à  la tragique explosion du port de Beyrouth en 2020 qui fit de nombreux morts et détruisit tout un quartier.

Photo-simon-gosselin-

La famille, ses origines, ses déchirures, ses liens, est  le ciment de cette épopée. Le père, la sœur, le frère, les enfants de Talyani sont bien présents et jalonnent son chemin.

Les parcours et portraits  de Talvani, qu’il soit peintre, meurtrier, chauffeur de taxi, chirurgien ou commerçant, en exil ou resté au pays sont puissants et forts , nous découvrons l'intimité  et l'authenticité de chacun.

"Nous ne connaissons pas les profondeurs de notre esprit." Novalis, Grains de pollen

C’est profond, riche et captivant, les histoires s’entremêlent, nous saisissent et nous bouleversent.

En 1978,  au point A ,  Talyani enfant dialogue avec un vieux monsieur, « son grand-père...? » de sciences physiques, les questions et les réponses fusent. En 2052 , au point B , nous le retrouvons vieillard dialoguant de même avec un jeune enfant, « son petit-fils..?». La couleur verte sera le joker, aux questions insolubles . Joker qu' utilisera Talyani au cours de son périple.

La physique quantique hante les écrits de Wajdi Mouawad, rappelons-nous dans Incendie de la Quadrature du cercle.  Aujourd’hui nous découvrons la problématique de la racine carrée de 2, nombre irrationnel et nous assistons à un cours de physique quantique captivant débouchant sur une belle philosophie.

La scénographie d’Emmanuel Clolus est astucieuse et efficace: des panneaux mobiles munis de portes nous transportent d’un pays à l’autre.

Les vidéos Stéphane Pougnand , la musique de Pawel Mykietyn , l’éclairage de Éric Champoux intensifient les émotions.
 

Photo-simon-gosselin-

Les cinq trajectoires de Talyani  se superposent, les comédiens sont extraordinaires et glissent avec aisance d’un personnage à l’autre vivant à Beyrouth ou ailleurs. La justesse de leurs jeux nous émeut, leurs mots s’envolent et viennent nous frapper en plein cœur.

 

C’est une magnifique « tragédie grecque contemporaine. »

Nous songeons à cette cruelle vérité qui grandit  de nos jours  avec le flux migratoire due aux guerres et à la famine qui sévissent dans le monde. L’histoire et le devenir de tous ces enfants marqués à jamais par la violence de la guerre.

"Rien n’est écrit ni rien ne s’écrit et nous vivons ballotés par le vent des probabilités." Wajdi Mouawad,

Grand merci à Wajdi Mouawad et à ses fabuleux et talentueux comédiens.

Claudine Arrazat

Photo-simon-gosselin-

avec Madalina Constantin, Jade Fortineau, Jérémie Galiana, Julie Julien, Jérôme Kircher, Norah Krief, Maxime Le Gac Olanié, Wajdi Mouawad, Richard Thériault, Raphael Weinstock et Maïté Bufala, Delphine Gilquin, Anna Sanchez, Merwane Tajouiti de la Jeune troupe de La Colline et Adam Boukhadda, Colin Jolivet, Meaulnes Lacoste, Théodore Levesque, Balthazar Mas-Baglione, Ulysse Mouawad, AdrienRaynal, NohamTouhtouh et les voix de Juliette BayiMaïté Bufala, Julien Gaillard, Jackie Ido, Valérie Nègre

Photo-simon-gosselin-

assistanat à la mise en scène Cyril Anrep et Valérie Nègre / dramaturgie Stéphanie Jasmin dramaturgie 1ère partie des répétitions Charlotte Farcet / scénographie Emmanuel Clolus lumières Éric Champoux / costumes Emmanuelle Thomas assistée de Léa Delmas / conception vidéo Stéphane Pougnand / régie vidéo en création Igor Minosa, Jérémy Secco /  / dessins Wajdi Mouawad et Jérémy Secco / musique originale Pawel Mykietyn / conception sonore Michel Maurer / assisté de Sylvère Caton et Julien Lafosse / maquillages et coiffures Cécile Kretschmar / couture Anne-Emmanuelle Pradier / interprète polonais Maciej Krysz /suivi du texte et accompagnement des enfants Achille di Zazzo / répétiteur français Barney Cohen / professeur de trompette Roman Didier / avec la participation en répétitions de Yuriy Zavalnyouk / en 1ère partie des répétitions Ralph Amoussou et Lubna Azabal / Stagiaires en scénographie Aline Boubée de Gramont et Fantine Guyot / stagiaires à l’assistanat à la mise en scène Juliette Bayi et Büke Erkoç / construction du décor atelier de La Colline – théâtre national

Théâtre de la Colline  15 Rue Malte Brun, 75020 Paris  du 8 octobre au 30 décembre 2022 • durée 6h incluant 2 entractes /  du 8 octobre au 18 décembre / Partie I mercredi à 19h30 •  / Partie II jeudi à 20h30    / Intégrale samedi à 16h, dimanche à 13h30, vendredis 4 et 18 novembre, 2 et 16 décembre à 17h30  relâche lundi, mardi /   du 21 au 30 décembre Intégrale à 17h30      relâche du 24 au 27 décembre

Tag(s) : #Th. de la Colline, #Critiques

Partager cet article

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :