©Tuong-Vi Nguyen

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Bouleversant, Dynamique, Drolatique.

Dans la salle éclairée, Wajdi Mouawad nous accueille chaleureusement, après nous avoir donné quelques recommandations amusantes.

« Si vous mangez des bonbons pendant le spectacle, enlevez tout de suite le papier cellophane pour ne pas faire de bruit ensuite. »

Puis, Wajdi Mouawad nous achemine en douceur vers sa nouvelle création ; troisième volet du cycle domestique après Seuls et Sœurs.

Il va nous conter ses souvenirs, l’image qu’il a gardée de sa mère lorsqu’il était enfant durant leur passage à Paris dans un appartement meublé du  XVème.  

En 1978, sa mère Jacqueline a fui la guerre civile avec ses trois enfants en pensant retourner très vite au pays et retrouver son époux Abdo resté là-bas pour travailler.

Cela devait être provisoire mais dura 5ans….

 Ce sont les souvenirs de sa mère Jacqueline pendant ces 5 années d’exil que se remémore Wajdi Mouawad. Jacqueline est décédée peu de temps après son arrivée au Canada le 18 décembre 1987, elle avait 55ans et Wajdi 21.

« Je n’ai pas pleuré depuis la mort de ma mère »...

 

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La salle entre dans l’obscurité et sur le plateau apparaissent la mère Jacqueline (Aîda Sabra), la sœur Nayla (Odette Makhlouf), et Wajdi enfant.

Jacqueline s’affaire dans la cuisine avec sa fille Nayla

Préparent-t-elles la fameuse recette « du taboulé de ma mère » dont Wajdi Mouawad nous avez donné la recette il y a quelques années au TGP ?

 

Jacqueline est une femme autoritaire, d’une activité débordante, cuisine ménage, cuisine, ménage……il faut s‘occuper pour oublier les angoisses, cela la rend assez intransigeante envers ses enfants, elle est préoccupée ;

Que se passe-t-il au Liban ? Abdo est-il en vie ? Quand allons- nous retourner chez nous ?

Aïcha Sabra , Jacqueline , est époustouflante, c’est un personnage haut en couleur, elle nous amuse par ses réflexions et ses contestations, son langage est imagé et cru. Elle insulte certains chanteurs, se rebelle contre les politiques…

Pour rien au monde ou presque, elle ne manquerait Christine Ockrent qui fait partie de son quotidien et l’informe chaque jour sur son pays.

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Elle attend avec angoisse les nouvelles téléphoniques du Liban.

« Je m’imagine, je m’imagine, je suis obligée de m’arracher la tête pour m’imaginer »

De son jeu émane une vérité profonde, c’est une femme que la guerre détruit petit à petit et qui nous émeut.

Odette Makhlouf incarne avec grand talent Nayla et nous réjouit. Les conversations orageuses avec sa mère sont drôlatiques, il est bien difficile pour cette jeune fille de s’émanciper….

Le jeune garçon Wajdi jeune joue avec justesse et naturel. Il est remarquablement talentueux.

 

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Wajdi Mouawad toujours aussi exceptionnel, nous chavire et nous bouleverse lors de la rencontre posthume avec sa mère c’est profond et d’une grande beauté.

C’est avec plaisir que nous rencontrons Christine Ockrent jouant son propre rôle avec conviction et humour.

Le texte en Libanais apporte beaucoup d’authenticité et de couleurs, les expressions sont souvent drôles et assez épicées.

 « mon chéri » qui devient « ô toi qui j’espère m’enterrera » –,

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Les bruitages, Les bombes, les éclairs, les vidéos nous font ressentir l’horreur de la guerre qui malheureusement sévit encore aujourd’hui au Liban.

Wajdi Mouawad offre un bel hommage à sa mère et à son pays.

 Moment de théâtre magnifique à la fois bouleversant et réjouissant.

Claudine Arrazat

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Avec

Odette Makhlouf Nayla / Wajdi Mouawad Wajdi adulte / Christine Ockrent dans son propre rôle / Aïda Sabra Jacqueline / et quatre enfants en alternance.

 

 

 

 

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Assistanat à la mise en scène Valérie Nègre / dramaturgie Charlotte Farcet / scénographie Emmanuel Clolus / lumières Éric Champoux / costumes Emmanuelle Thomas / coiffures Cécile Kretschmar / son Michel Maurer et Bernard Vallèry / musique originale Bertrand Cantat.

Production La Colline – théâtre national

 

Du 19 novembre au 30 décembre 2021 au Grand Théâtre

Relâche les 7, 24, 25 et 26 décembre

Du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30, le dimanche à 15h30 et le lundi 27 décembre à 20h30

Spectacle en français et en libanais surtitré en français

Tag(s) : #Th. de la Colline, #Critiques

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