Emouvant, Magnifique, Puissant.
Jean Bellorini nous offre Les messagères d’après Antigone dans une mise en scène époustouflante de beauté et de lumière en compagnie des neuf comédiennes de l’Afghan Girls Theater Group qui s’imposent comme des guerrières pour la liberté.
Suite à la prise de pouvoir des talibans en 2021, Joris Mathieu, directeur du Théâtre Nouvelle Génération – CDN de Lyon, et Jean Bellorini, directeur du Théâtre National Populaire accueillent ces artistes ayant pris la route de l’exil.
Les Messagères sont ces citoyennes afghanes qui nous proclament l’amour pour leur pays et qui sont ses ambassadrices fortes et résilientes. Elles font entendre leur intransigeance, leur souffrance, leur amour, leur humanité. C’est bouleversant.
/image%2F2626846%2F20250409%2Fob_949773_250403-rdl-2094.jpg)
Sur le plateau inondé d’eau, dans une belle lumière crépusculaire, une volée de jeunes filles vêtues de longues robes surgit, un éclair joyeux plein d’insouciance, elles jouent à la balle, s’éclaboussent et dansent sous une musique orientale.
Le silence se fait, une comédienne s’avance et ouvre le spectacle par un texte bouleversant sur l’enfance sacrifiée des petites filles en proie à la violence. Un magnifique prologue.
Sous les rayons de lune Antigone et Ismène apparaissent en longues robes blanche...
"Étéocle et Polynice leurs frères, se sont battus à mort pour pouvoir régner sur la ville de Thèbes. Créon, leur oncle, a décidé de faire leurs funérailles. Mais, le monarque a décidé de laisser la dépouille de Polynice aux vautours. Antigone révoltée, annonce à sa sœur que contre la décision irrémédiable de Créon, elle ira enterrer Polynice. De colère, Créon l’emmurera."
Jean Bellorini a choisi de monter Antigone en langue dari, une merveilleuse idée qui n’enlève rien à la fluidité du texte et qui fait resonner à travers Antigone le triste sort des femmes afghanes emmurées, privée de toutes libertés. Antigone a un lien intime avec l' histoire de ces Messagères.
"On avait fait un petit spectacle sur les droits des femmes afghanes et sur notre arrivée en France. Antigone, c’est le même sujet, mais on en parle autrement. Antigone est une fille qui n’accepte pas la violence." Atifa Azizpor
/image%2F2626846%2F20250409%2Fob_2257b9_250403-rdl-2164.jpg)
Les lumières de Jean Bellorini sont d’une grande beauté, les corps des comédiennes se reflètent dans l’eau sous l’œil de la lune, c’est magnifique. La création musicale de Sébastien Trouvé ainsi que les somptueux costumes des ateliers du TNP, amplifient les émotions. Dans ce magnifique écrin la tragédie prend toute son ampleur et nous chavire.
L’épilogue écrit par Atifa Azizpor est puissant et plein d’espoir
« Les Antigones ont été tuées à cause de leur trop grande audace, les Ismènes sont toujours vivantes chantent le chant de la liberté et espèrent voir leurs rêves exister »
l’Afghan Girls Theater Group : Hussnia Ahmadi, Freshta Akbari, Atifa Azizpor, Sediqa Hussaini, Shakila Ibrahimi, Shegofa Ibrahimi, Marzia Jafari, Tahera Jafari, Sohila Sakhizada nous ravissent et nous émeuvent. Bravo
Un spectacle puissant, émouvant et d’une magnifique esthétique dont on se souviendra longtemps.
Claudine Arrazat
/image%2F2626846%2F20250409%2Fob_3ce4d2_250403-rdl-2352.jpg)
Collaboration artistique Hélène Patarot, Mina Rahnamaei et Naim Karimi / Création lumière Jean Bellorini / Création sonore Sébastien Trouvé / Adaptation Mina Rahnamaei / Traduction des surtitres Mina Rahnamaei et Florence Guinard / Construction des décors et confection des costumes Les ateliers du TNP
Textes additionnels : Le texte qui ouvre le spectacle est issu de l’album de Martine Delerm, Antigone peut-être, paru aux éditions Cipango. / Le texte final est écrit par Atifa Azizpor, comédienne de l’Afghan Girls Theater Group.
Théâtre des Bouffes du nord 37 (bis), boulevard de La Chapelle 75010 Paris
Du 4 au 13 avril 2025 Du mardi au samedi à 20h Matinées les dimanches à 15h