- Simon Gosselin

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Eloquent, Bouleversant, Puissant.

Bertolt Brecht a écrit cet ensemble de 24 saynètes de 1933 accession au pouvoir d’Hitler à 1938. Brecht ne vivait plus en Allemagne, il s'était installé au Danemark en 1933. Pour écrire Grand'peur et misère du IIIe Reich, Brecht s’est inspiré de témoignages et des coupures de journaux. Dans ses récits, il décrit la vie quotidienne de la société allemande prise sous le joug du totalitarisme dont le quotidien est régi par les censures et les interdits, rythmé par la peur des dénonciations, des arrestations, une certaine paranoïa s’installe chez chacun.

Nous rencontrons paysans, bourgeois, commerçants, magistrats, adultes et enfants. Nous entrons dans leur intimité  lors de discussions dans un appartement, autour d’une table, dans la rue, dans une ferme, en ville…On se retrouve forcement dans l’un des personnages.

Cette pièce de théâtre sera jouée notamment à Paris en 1938, Brecht souhaitait témoigner et alerter, tout particulièrement ses compatriotes exilés comme lui de la gravité des évènements qui se déroulaient en Allemagne.

©Simon Gosselin

Aujourd’hui où,  les dictateurs fleurissent et l’extrême droite prend de plus en plus de pouvoir à travers le monde, Julie Duclos nous réveille en montant « Grand peur et misère du IIIe Reich », à travers une douzaine de saynètes choisies. Certaines nous touchent plus que d’autres mais  connaissant le devenir atroce de la seconde guerre mondiale, entre autres les camps de concentration, les fours crématoires et de la folie de ce féroce dictateur, nous sommes toujours profondément ébranlés.

Dans une mise en scène magnifiquement orchestrée et une scénographie sobre et efficace,  les tableaux se succèdent avec aisance et fluidité.

Certains sont de long récits : « La croix blanche »: nous sommes à berlin en 1933 dans la cuisine d’un appartement bourgeois : c'est  le portrait d’un jeune SA prêt à se lancer aux trousses de ses frères, « La femme juive »: une femme quitte l’Allemagne et son foyer pour protéger son époux ou « le mouchard »:  un père et une mère doutent de leur enfant et craignent qu'il soit parti les dénoncer à la Gestapo...

 

© Sinon Gosselin

D’autres très courts parfois d’une seule page : « Les délateurs »: une homme et une femme ont creusé la tombe de leur voisin en le dénonçant ou « Le paysan nourrit son cochon »: bravant l’interdiction un couple de paysans aidé de leurs jeunes enfants  nourrissent leurs cochons la nuit à l’abri des regards.

Bretch évoque aussi ceux qui ont voté Hitler croyant à un monde meilleur comme «  Le vieux militant » : un boucher refuse de mettre en vitrine de la fausse  viande en carton puis se suicide en se pendant au crochet à viande en affichant  avoir voté Hitler.

Les comédiens : Rosa-Victoire Boutterin / Daniel Delabesse / Philippe Duclos / Pauline Huruguen / Yohan Lopez / Stéphanie Marc / Mexianu Medenou / Barthélémy Meridjen / Étienne Toqué / Myrthe Vermeulen et les enfants : la toute mignonne Mélya Bakadal, le charmant petit Julien Petersen , nous émeuvent et nous captivent par leur talent et la justesse de leur jeu.

Un profond et bouleversant témoignage magnifiquement  interprété.

Claudine Arrazat

Traduction : Pierre Vesperini / Scénographie : Matthieu Sampeur / Lumière : Dominique Bruguière / Vidéo : Quentin Vigier / Son : Samuel Chabert / Costumes : Caroline Taverniere

Vu le 14 janvier

Odéon-Théâtre de l’Europe  Place de l’Odéon  Paris 6e

1 janvier – 7 février 2025 du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h

relâche exceptionnelle le dimanche 12 janvier

Tournée 2025

13 au 22 février – Théâtre National Populaire, Villeurbanne

27 février au 2 mars – Théâtre du Nord, Lille

Tag(s) : #Th de L'Odéon, #Critiques

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