Tout -monde est un concept d’Edouard Glissant en 1997 qui fait l’objet à la fois d’un roman et d’un essai.
« J'appelle Tout-monde notre univers tel qu'il change et perdure en échangeant et, en même temps, la "vision" que nous en avons. La totalité-monde dans sa diversité physique et dans les représentations qu'elle nous inspire » Edouard Glissant
Dans ce cadre, des artistes du monde vont nous conter le métissage des êtres et des formes.
« 4 jours pour interroger des modes de co-existence pacifique dans un monde post-colonial, conscient de ses blessures et de ses forces, en associant les énergies locales aux élans des grands ailleurs. » Laurent Dréano, directeur de la Maison de la Culture d’Amiens
En voici un petit aperçu
Politique du Tout-monde de Chris Cyrille-Isaac
Le collectif “Beyond the post-soviet” (Btps) est un groupe de recherche, qui s’interroge entre autres, sur l’impérialisme russe, la colonialité soviétique et sur la manière dont ils ont survécu à travers le temps et dans différentes configurations.
Btps nous dévoile le programme Gris est le cube, bleue l’ellipse qui rappelle l’architecture de la MC d’Amiens et qui a été imaginé dans le cadre du projet CURA pour la Maison de la Culture d’Amiens sur deux saisons artistiques (2023-2025). Chris Cyrille-Isaac en est le commissaire d’exposition
Ce projet CURA vise à soutenir la présence des arts visuels au sein des scènes nationales, à l’initiative du Ministère de la Culture et de la Direction générale de la création artistique.
Des expositions, des performances, des projections, des concerts et des discussions, porteront un regard inédit sur le passé et le présent culturel et architectural d’Amiens, en se concentrant particulièrement sur la Maison de la Culture.
Dans le hall de la MC, nous assistons a une Lecture performance sur le terme de “Tout-monde”, d’Edouard Glissant par Chris Cyrille-Isaac poète, chercheur en philosophie, critique d’art et commissaire d’exposition.
Un texte poétique et politique qui finit par un bel hommage à Maryse Condé décédée hier 2 avril 2024.
Grand Blanc de Vincent Fontano
Auteur, metteur en scène, réalisateur de courts métrages primés, réunionnais né en 1978, Vincent Fontano a tout d’abord écrit en créole avant de venir à l’écriture française.
Il nous fait part de ses réflexions sur la société réunionnaise et les traumatismes de l’océan indien.
Il crée la compagnie Kèr Béton en 2011 avec l’envie forte de s’inscrire dans les nouvelles écritures théâtrales. Il est artiste associé des Théâtres du Conseil départemental de la Réunion depuis 2017 et artiste compagnon de la Maison de la Culture d'Amiens depuis 2019.
« J’essaie, dans mon théâtre, de faire ressortir l’âme réunionnaise en développant une esthétique différente de ce que l’on peut voir en métropole. » Vincent Fontano .
Après Loin des Hommes (présent au Festival Off d’Avignon cet été) et Après le feu, il complète son triptyque avec une lecture théâtrale Grand Blanc. Il interroge sur la quête d’identité, la filiation, les traumatismes.
« Dans la forêt profonde en Afrique du sud en 1990 une jeune femme vient à l’encontre de son père après plusieurs années de silence. Pourquoi revenir après tant d’années ? La rencontre est houleuse avec ce père retrouvé, la nuit dure, quand du fond d’un placard un homme blanc bondit. Il a été kidnappé et veut s’enfuir. Cet homme blanc n’est autre que le beau-père de la jeune femme. »
Nous sommes émus par cette jeune femme qui devra choisir au fond de cette forêt, lequel de ses pères elle va devoir sauver, le biologique ou adoptif...
Une sombre tragédie au fin fond de la forêt.
Fanun Ruin Écriture, direction, interprétation Zia Soares qui s'interroge sur le passé colonial du Portugal.
Zia Soares Zia Soares est metteuse en scène et actrice. Fille d’une mère angolaise et d’un père timorais, elle est née à Bié, en Angola et vit à Lisbonne, au Portugal. Son travail se développe entre l’Afrique et l’Europe en étroite collaboration avec des artistes trans et interdisciplinaires.
« En 1959, un groupe d’hommes timorais se rebelle contre le régime colonial. Ils sont arrêtés et exilés - pendant plusieurs jours, ils voyagent sur le bateau à vapeur «India» vers une destination qui leur est inconnue. L’un de ces hommes est mon père. Angola. »
« En 1882, les rites de Lorosae, ou rites de chasse aux têtes, ont lieu dans la partie orientale de l’île de Timor, encouragés par les gouverneurs et fonctionnaires portugais. Parmi les décapités, 35 crânes ont été pillés et ramenés au Portugal. En 2021, je les ai trouvés rangés dans une armoire du département d’Anthropologie de l’Université de Coimbra. » Fanun Ruin
Fanun Ruin - qui se traduit du tetum (langue nationale du Timor-Oriental) par « convoquer les os » - est une performance destinée à chasser la confrontation avec la mort sans visage.
Dans cette installation, à travers la gestuelle, la musique, les images vidéo, la construction du décor et un texte percutant en Portugais et Tetum, Zia Soares fait resurgir le passé, redonne une identité aux cranes oubliés, interroge sur le passé colonial du Portugal et sur le deuil.
Mais à qui donc étaient ces têtes et à quoi ressemblaient leurs visages ? Un spectacle fort et émouvant.
Au Festival Amiens Tout-monde, à travers la musique, la danse, le théâtre se croisent différentes cultures et métissages.
Claudine Arrazat
Programme
Le 3 avril Décoloniser / Désovietiser ou La Mémoire Mouvante des Lieux.
Le 4 avril Exposition Rallier les bruissements / Jazz Stev’in my mind / Danse Via Injabulo Via Katlehong | Marco da Silva Ferreira & Amala Dianor.
Le 5 avril Musiques du monde Rabih Abou-Khalil & Elina Duni.
& aussi, au cinéma Orson Welles, retrouvez une programmation internationale et des artistes engagés
Exposition Inci Eviner — Mécaniques de l’esprit