© Ivan Nocera

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Virevoltant, Drolatique, Terrible.

Tartuffe fut joué devant Louis XIV en mai 1664 et interdit immédiatement, trop caustique envers le clergé. Molière écrivit une version plus légère et drolatique en 1669.

Orgon riche bourgeois recueille en accord avec sa mère Madame Pernelle, Tartuffe soi-disant homme d’église. Mais celui-ci n’est qu’un misérable imposteur qui séduit son épouse et s’accapare de ses biens.

Bravo, Jean Bellorini nous enchante toute à son habitude. Suite à l’invitation du Teatro Stabile, il choisit de mettre en scène Le Tartuffe de Molière en italien avec de fabuleux comédiens de la troupe de ce dit théâtre.

La tonalité, la vivacité de la langue italienne ainsi que la gestuelle des comédiens amplifient la joyeuseté de la pièce en n’effaçant nullement le tragique de la venue de ce personnage hypocrite et profiteur qui va bouleverser un temps cette famille. La musique de  cette langue donne une grande ampleur au caractère des différents protagonistes.

Dans la pénombre, un appartement bourgeois d’année 60, côté jardin une méridienne dans laquelle se repose Cléante, à ses coté appuyée contre le mur du fond une immense croix sur laquelle vient s’installer un saint homme vêtu d’une cape orangée, torse nu, pantalon moulant et lunette noire, côté cour une cuisine un peu vétuste, au centre du plateau une grande table.

© Ivan Nocera

La lumière fuse, dans de jolis costumes des années 60, créés par Macha Makeïeff la famille un peu agitée prend possession de l’espace. Madame Pernelle en chaise roulante, remet de l’ordre auprés de sa belle fille et ses petits-enfants leur demandant de respecter Tartuffe et d’être moins mondains…

Il Tartufo est à l’image des comédies italiennes. On fabrique des pâtes, on s’asperge de farine, on se fait un café, ça sent la tomate et l’origan...

La lumière varie au rythme des saynètes qui s’enchainent avec aisance et dynamisme.

Par intermède, des chansons de variétés italiennes se font entendre, c’est joyeux.

Les personnages sont pittoresques, ils virevoltent de la cuisine au salon, calquent les portes, se posent et discutent entre eux.

© Ivan Nocera

 

Tartuffe ‘ Federico Vanni’ rondelet, effronté nous amuse avec ses ronds de jambe, il se goinfre de spaghetti, c’est un personnage poussé à son extrême dans sa perfidie. Il nous ravit par la justesse de son jeu.

Dorine Angela De Matteo’  s’affaire dans sa cuisine entre l’ail, les tomates et les spaghettis en chantonnant tout en n’ayant point peur de ses mots envers Orgon, elle est pétulante et chaleureuse, elle nous séduit.

 

 

Cléante Ruggero Dondi’ perdu dans son monde, traverse les airs dans une pantomime étourdissante pour venir en aide à la jeunesse, sa gestuelle est époustouflante.

Madame Pernelle ‘Betti Pedrazzi’ cette pieuse dévote autoritaire, nous régale par ses prouesses en chaise roulante tout en fulminant contre les siens, c’est assez cocasse.

Orgon posé et élégant père de famille ‘Angela De Matteo’ , obsédé par Tartuffe à l’extrême, devient abasourdi par la découverte de sa naïveté et de sa crédulité envers cet homme qu’il vénérait. Il nous émeut.

Elmire ‘Teresa Saponangelo’ nous enchante et nous amuse en essayant d’ensorceler Tartuffe.

Flipote/Un exempt ‘Daria D’Antonio’, Marianne ‘Francesca De Nicolais’, M. Loyal ‘Luca Iervolino’, Damis ‘Giampiero Schiano ‘, Valère ‘Jules Garreau’ nous entrainent avec brio et  mordant dans cette aventure.

La troupe du Teatro di Napoli - Teatro Nazionale est grandement investie et nous réjouit

Un Tartuffe plein de vitalité, de gaieté où les personnages transpercent le quatrième mur avec grand brio, un bouillonnant spectacle enchanteur.

Claudine Arrazat

© Ivan Nocera

Collaboration artistique Mathieu Coblentz  / Costumes Macha Makeïeff / Assistante costumes Anna Verde / Assistant à la scénographie Francesco Esposito / Régie générale Antonio Gatto / Machinerie Fabio Barra / Assistant à la lumière Giuseppe Di Lorenzo / Accessoires-machinerie Nunzio Romano / Son Daniele Piscicelli / Régie costumes Daniela Guida / Surtitres Cécile Marroco / Chargée de production Monica Vicinanza

Spectacle en italien, surtitré en français

Durée : 2h      du 20 au 27 mai 2022 au Théâtre de Nanterre-Amandiers

Tag(s) : #Th des Amandiers Nanterre, #Critiques

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