Poétique, Bouleversant, Magique.
Marcel Bozonnet nous fait découvrir Isroël Rabon , écrivain Yiddish né au début du siècle dernier en Pologne. Orphelin très tôt, il vécut dans les faubourgs de Lodz, fut vagabond, soldat de l’armée polonaise avant d’être un écrivain majeur de l’entre-deux guerres. Il traduisit Beaudelaire, Cocteau, Rilke, Sweig.
Il fut assassiné au camp d’extermination de Ponary.
Lodz est la ville juive polonaise mais aussi le centre de l'industrie textile où les conditions des ouvriers étaient drastiques et qui connut un effondrement après la guerre impliquant le chômage et amplifiant la misère.
La rue nous conte, l’errance dans la ville de Lodz d’un soldat (Stanislas Roquette) de l’armée polonaise démobilisé après quatre années de guerre contre l'armée prussienne puis bolchévique.
Sans famille, sans amis, combattant le froid, la faim, la solitude; nous l’accompagnons dans la recherche désespérée de croire et de continuer à vivre.
"Tu t’arrêtes devant une vitrine de magasin avec une grande glace et tu te regardes....Ta figure est d’une étrange pâleur. Avec ta capote en haillons au col relevé, tu as l’air d’un revenant"
C’est d’une grande profondeur et plein de poésie qui nous frappe au cœur.
Sur son chemin, ce soldat croise des personnages étranges, fantasques, oniriques, prenant vie à travers de magnifiques marionnettes.
Est-ce un rêve pour palier à son isolement ou une réalité ?
Un homme de cirque (Jean Sclavis) lui viendra quelque peu en aide, par ce fait il rencontre une circassienne (Lucie Lastella) qui lui redonne espoir en l’avenir et qui nous époustoufle et nous réjouit par ses prouesses, sa souplesse et son élégance.
La scénographie est esthétique, élégante, tout est blanc un peu vaporeux comme dans un nuage ou dans un rêve.
En fond de scène, les vidéos nous ramènent parfois à la réalité de la ville ouvrière, triste et noire puis de magnifique paysages en contre-jour nous font rêver.
Les marionnettes manipulées par Jean Sclavis sont extraordinaires et bellissimes.
La musique électroacoustique en live accentue les émotions.
Stanislas Roquette nous bouleverse de par son talent et sa gestuelle, ses mots nous transpercent.
Beau moment de théâtre.
Claudine Arrazat.
D’après le roman d’Isroël Rabon traduit du yiddish par Rachel Ertel
Adaptation Jean-Pierre Jourdain et Marcel Bozonnet
Mise en scène Marcel Bozonnet en collaboration avec Pauline Devinat
Avec Stanislas Roquette (le soldat), Lucie Lastella (Josefa, artiste de cirque),
Jean Sclavis (Le vieux marionnettiste juif)
Dramaturgie Judith Ertel | Marionnettes Emilie Valantin | Scénographie Adeline Caron | Costumes Renato Bianchi | Lumières Philippe Catalano | Live électroacoustique Gwennaëlle Roulleau | Vidéo Quentin Balpe
Théâtre du Soleil
du 15 au 25 septembre, puis du 5 au 10 octobre 2021