Avant de nous présenter « Les frères Karamazov » en novembre, Sylvain Creuzevault met en scène pour notre grand plaisir « Le grand inquisiteur » extrait fort et conte philosophique du roman.
En prenant place dans la salle, nous observons deux comédiens affichant sur le rideau de fer de la scène, deux inscriptions
Dieu éternel. Ainsi soit-il.
Éternelle rébellion ? Quoi qu’il en soit.
Sur l’avant-scène, dans la lumière, les deux comédiens s'avancent vers nous, Yvan et Aloicha se présentent. Nous sommes captivés et nous partons en leur compagnie dans cette magnifique allégorie.
Yvan (Sylvain Creuzevault) a imaginé un conte qu’il raconte à son jeune frère Aloicha (Arthur Igual).
Ce long poème est une parabole sur la liberté, le bonheur, la nature humaine, le despotisme et absurdité du monde.
Nous sommes à Séville pendant l’inquisition. La veille des centaines d’hermétiques se sont fait brûler sur le bucher. Le Christ revient discrètement, mais la foule le reconnait et lui demande d’accomplir quelques miracles…
Soudain le « grand inquisiteur » apparait, c’est un vieillard au visage desséché, vêtu de sa toge de religieux, il observe, lève le doigt et ordonne de jeter le christ en prison. Le peuple soumis lui obéit.
Le rideau de fer se lève, sur le plateau règne une atmosphère monacale.
Dans la pénombre apparait le grand inquisiteur (Sava Lolov) impressionnant et effrayant.
« Pourquoi es-tu venu nous déranger ? »
« L’homme a besoin de sécurité et de pain et non de liberté ».
Le christ subit muet ce réquisitoire sous l’œil étonné du pape.
Ce texte d’une grande richesse nous transperce le cœur.
Le Christ condamné, un bruit sourd retenti, la scène est inondée par la lumière froide des néons et nous allons de surprises en surprises.
Sylvain Creuzevault fait entrer en scène des figures politiques connus de tous qui vont nous faire sourire, frémir et tressaillir. Sous ces caricatures décapantes des vérités surgissent.
« Le grand inquisiteur se loge partout et de tout temps »
Les comédiens talentueux nous émeuvent, nous questionnent, nous font frissonner et parfois nous font sourire avec grand brio.
La mise en scène de Sylvain Creuzevault met en valeur la profondeur, la beauté et la force de ce texte inépuisable et intemporel.
Merci à tous et à bientôt pour Les frères Karamazov
Claudine Arrazat
Avec
Nicolas Bouchaud Heiner Müller
Sylvain Creuzevault Ivan Karamazov
Servane Ducorps Donald Trump
Vladislav Galard Le pape
Arthur Igual Aliocha Karamazov, Jésus et Karl Marx
Sava Lolov Le Grand Inquisiteur
Frédéric Noaille Margaret Thatcheret le journaliste
Festival d'Automne à Paris
Création — durée estimée 1h45
25 septembre – 18 octobre - Odéon 6e
Traduction françaiseAndré Markowicz
ADaptation Sylvain Creuzevault dramaturgie Julien Allavena
ScénographieJean-Baptiste Bellon
LumièreVyara Stefanova
Création musiqueS ylvaine Hélary Antonin Rayon
Costumes Gwendoline Bouget
Maquillage Mityl BrimeurJudith Scotto
Masques Loïc Nébréda
Son Michaël Schaller
Vidéo Valentin Dabbadie