Envoutant, Bouleversant, Poignant.
La compagnie du Géant Noir nous ravit dans cette nouvelle adaptation « Des souris et des hommes »
En Californie après le Krach de 1929, le chômage augmente, les conditions de vie sont de plus en plus difficiles. Comme beaucoup de leurs semblables, Lennie et Georges s’acheminent à travers la campagne en quête d’emploi auprès des exploitants agricoles.
Lennie est un gaillard costaud, d’une force surhumaine mais simple d’esprit et fasciné par la douceur et les caresses. George est vif et clairvoyant, il protège et veille sur son ami avec dévouement et bienveillance.
Tous deux n’ont qu’un rêve, devenir propriétaires d’un lopin de terre, élever des lapins et avoir enfin leur indépendance et leur liberté.
« Les types comme nous, qui travaillent dans les ranches, n’y a pas plus seul au monde. Ils n’ont pas de famille ... Ils n’ont pas de futur devant eux… Mais nous on a un rêve… »
Lennie et Georges arriveront-ils au bout de leur rêve ?
Dans ce court roman John Steinbeck évoque avec finesse des sujets bien controversés dans cette Amérique puritaine et ségrégationniste ; le racisme, la différence, le handicap, la tolérance, le regard des autres mais aussi la solitude de ces hommes vivant dans des conditions difficiles et précaires.
La mise en scène sobre, épurée donne une grande ampleur au texte, en fond de plateau sont projetés des photos noir et blanc de Florent Tixier. La lumière froide accentue la misère et la solitude de ces hommes besogneux vivant dans des conditions difficiles. Une ambiance dépouillée de western crépusculaire règne et nous submerge.
Thierry Bilisko de part sa gestuelle, ses intonations et ses mimiques expressives, fait revivre les 7 protagonistes masculins de cette terrible et fabuleuse histoire.
Lennie Small (innocent et impulsif), George Milton (perspicace et vif), Crooks (noir, vivant à l’écart des autres), Curley fils du patron (autoritaire et violent) Candy, Slim, Carlson.
Tous ces personnages dialoguent, s’affrontent ou se complaisent sous nos yeux. Thierry Bilisko se glisse dans la peau de chacun avec justesse et grand talent.
Carole Bordes (la femme de Curley) de rouge vêtue, dans une chorégraphie sensuelle, élégante, aguicheuse et provoquant Lennie, nous réjouit.
Où cela la mènera-t-elle ?
Côté jardin Rizbo nous enchante au son de ses instruments. Les notes s’envolent, nous vont droit au cœur et intensifient l’émotion.
Par intermittence, la voix de Xavier Lacouture nous guide dans l’ascension de ce roman noir.
Très beau moment de théâtre émouvant et magnifiquement interprété.
Claudine Arrazat
Théâtre Le Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris
Des souris et des hommes
du mardi 4 février 2020
au dimanche 15 mars 2020