Certains n’avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka  Mise en scène Richard Brunel
©J-L Fernandez

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Puissant, Émouvant, Transperçant.

Drame trop méconnu et oublié qui vous transperce le cœur et ne peut laisser personne indifférent.

Nous sommes dans les années 20, de jeunes japonaises quittent leur village et embarquent pour San- Francisco, c’est une grande aventure  «Certaines n’avaient jamais vu la mer ».

Elles vont  rejoindre leur fiancé qu’elles ne connaissent qu’à travers de simples lettres et quelques photos. Ces hommes partis en Amérique pour faire fortune au début du siècle.

C’est le rêve américain, la vie agréable et facile loin des contraintes de leur pays. Elles sont remplies d’espoir.

Sur le bateau, avant même de faire les présentations, nous comparions les photos de nos fiancés.

Mais leur déception est grande, sur le quai de San Francisco

Ces hommes aux manteaux noirs miteux, ne ressemblaient en rien aux beaux jeunes hommes des photographies.

Ce  ne sont que de simples pêcheurs ou ouvriers agricoles pauvres, exploités et non de jeunes négociants. les portraits envoyés dataient de vingt ans et les lettres étaient mensongères.

Nous voilà en Amérique, nous dirions nous, il n’y a pas à s'inquiéter. Et nous aurions tord.

La première « nuit de noce » est éprouvante. « Certaines sont vierges » et ces hommes sont pleins de désir charnel.

Nous accompagnons ces femmes dans leur labeur et leur souffrance.

*A la campagne dans les durs travaux des champs

Nous souffrions toutes, nos mains pleines d’ampoules saignaient…notre dos ne s’en remettrait jamais

Si nos maris nous avaient dit la vérité jamais nous ne serions venues en Amérique.

*Dans les banlieues, à l’usine ou chez les bourgeois américains où elles subissent l’humiliation, la désillusion et parfois le viol.

Nous n’en parlions pas dans nos lettres car Au Japon le métier le plus vil qu’une femme puisse exercer est celui de bonne.

Ces femmes pleines de courage nous content leurs accouchements dans des conditions inhumaines et terribles.

J’ai coupé le cordon avec mon couteau…..

Nous avons eu tant de bébés que notre utérus est descendu…

De ces femmes naîtra la nouvelle génération, leurs enfants seront des citoyens américains.  

Ils parlaient un anglais parfait, ils avaient honte de nous

Je me sens comme une cane qui a couvé les œufs d’une oie

Leurs  enfants rêvaient, ils voulaient s’en sortir.

L’un voulait être médecin, l’autre gangster,  une autre star….

 

 1942,  attaque de Pearl Harbor et tout s’écroule…

Les familles disparaissent du jour au lendemain, le quartier se vide. Que sont devenus ces hommes, ces femmes, ces enfants ?

Le destin de ces  femmes trahies par le mensonge de leur mari, humiliées par leur patron et rejetées par leur pays d’adoption nous transperce l’âme.

 

La mise scène est percutante et esthétique. Les décors mobiles apparaissent et disparaissent comme par magie. Les tableaux s’enchaînent, tous plus réalistes les uns que les autres.

Les costumes sont travaillés et élégants ; des kimonos traditionnels aux tenues des champs passant par la mode citadine américaine de l’époque.

Les comédiens Simon Alopé, Mélanie Bourgeois, Youjin Choi, Yuika Hokama, Mike Nguyen, Ely Penh, Linh-Dan Pham, Chloé Rejon, Alyzée Soudet, Kyoko Takenaka, Haïni Wang et Natalie Dessay  sont d’un grand talent, graves, solennels  sans jamais tomber dans le pathos.

C’est magnifique et d’une grande émotion.

Claudine Arrazat

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Du 14 au 25 janvier 2019  Manufacture des Œillets
1 place Pierre Gosnat - 94200 Ivry-sur-Seine 

20h du lundi au vendredi 18h samedi et 16h dimanche


Du 30 janvier au 2 février à la Comédie de Valence
Du 13 au 15 mars au Théâtre Dijon Bourgogne

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Tag(s) : #Critiques, #Th des Quartiers d'Ivry

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