©Christophe Renaud de Lage

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Eloquent, Réjouissant, Emouvant.

D'après Une chambre à soi  écrit par Virginia Woolf en 1928 à la suite d'une conférence féministe à Cambridge. Le sujet principal de ce texte est la place des écrivaines dans l'histoire de la littérature dans le contexte britannique.

A  l’époque Elisabéthaine,  les femmes n’avaient droit ni aux études, ni à l’indépendance financière en travaillant. Elles devaient se cantonner à leur rôle de mère et de maitresse de maison. Si le féminisme avait pris naissance au XVIe siècle et non au XIXe,  cela aurait été tout autre.

Virginia Woolf imagine que Shakespeare a une sœur Judith. Quel aurait été son destin si elle avait été aussi douée que son frère?

A travers cette fiction, Virginia Woolf nous conte la désolation, la difficulté et l'impossibilité des femmes d'accéder à la création littéraire pendant ces nombreuses décennies. C'est avec esprit et ironie qu'elle en émet les causes.

"Si les hommes sous-estiment et cantonnent les femmes dans des tâches subalternes c'est pour éviter de remettre en cause leur confiance en eux" V.W

Un texte féministe, riche, puissant, réjouissant, éloquent.

©Christophe Renaud de Lage

En fond scène un rideau constitué de pages de livres anciens assemblées et figurant une immense bibliothèque, côté cour un bureau sur lequel repose un encrier et sa plume. Dans une belle et chaleureuse lumière apparait Virginia Woolf 'Ines Amoura'. Elle s'intéresse  à la littérature de l’époque Elisabéthaine,  recherche sans grand succès des écrits de femmes et se pose mille questions:

Pourquoi aucune femme n’a écrit les pièces de Shakespeare ?

Pourquoi les autrices sont-elles si rares, perdues au milieu de 2000 ans de littérature masculine ?  

Et si Shakespeare avait une sœur… ?

Traversant le rideau littéraire, Judith Shakespeare ‘Solenn Goix’ apparait triste, découragée, à bout de force, prête à se donner la mort.

« N’importe quelle femme, née au XVIe siècle et magnifiquement douée, serait devenue folle, se serait tuée ou aurait terminé ses jours mi-sorcière, mi- magicienne » V.W

Virginia Woolf et Judith Shakespeare vont se juxtaposer, se télescoper et s’enchevêtrer,  discutant avec nous à travers les siècles.

©Christophe Renaud de Lage

Dans une mise en scène de Juliette Marie magnifiquement orchestrée, nous allons à la rencontre de  Judith qui combattra toute son existence pour essayer de se faire reconnaitre en tant qu’écrivaine, elle lutera jusqu’au désespoir au côté de Virginia.

Judith, mariée à 15ans par obligation patriarcale, se sauve, est  recueillie par une troupe de comédiens, se travestit en homme pour jouer, écrit dans le plus grand secret ayant espoir d'être reconnue...

Le sera-t-elle un jour?

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Ines Amoura et Solenn Goix nous mènent avec grand talent dans cette époque Elisabéthaine où les femmes devaient être dévouées et soumisses  à l’homme et à ses enfants, n'ayant aucune liberté, aucune indépendance et pas de temps pour se consacrer à l'écriture. 

A l'aide quelques accessoires et  d'un mannequin,  divers personnages entourant Judith vont prendre vie.  C’est inventif, dynamique et judicieux.

Ines Amoura nous ravie et nous offre quelques chansons de sa création qu’elle slame pour agrémenter ses propos engagés.

Solenn Goix nous chavire par sa gestuelle expressive et la finesse de son jeu.

C’est vivant, éloquent et réjouissant. Un beau discourt féministe qui rend hommage aux femmes d’hier et d’aujourd’hui.

Claudine Arrazat

 

 

©Christophe Renaud de Lage

D’après Une Chambre à soi de Virginia Woolf  Traduction Jean-Yves Cotté / Collaboration artistique : Sarajeanne Drillaud / Collaboration à l'écriture : Inès Amoura et Solenn Goix / Compositions originales : Inès Amoura / Conseils lumières : Janfi Viguié / Travail sonore : Tom Ménigault / Compagnie : Compagnie Reme  / Remerciements : Aude Denis, Maxime Coulbeaux, Elsa Depardieu / Collaboration Artistique Sarajeanne Drillaud / Compagnie Compagnie Reme

Théâtre La Flèche   77 rue de Charonne, 75011 Paris   Du 5 avril au 7 juin 2025 les samedis à 19h  Durée 1h05


 

Tag(s) : #Critiques, #Th la Flèche
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