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Cru, Dérangeant, Grinçant.

Tracy Letts, acteur et dramaturge américain, membre du Steppenwolf Theater de Chicago, s’est imposé dès sa première pièce, Killer Joe, écrite en 1991. Il y dresse le portrait d’une Amérique blanche, pauvre, sans rêve, rongée par la bêtise, la médiocrité et la frustration, prête à tout pour de l’argent, quitte à pactiser avec un tueur à gages. Chacun survit entre alcool, sexe, dettes et télévision. Le meurtre devient leur seul projet collectif. Une œuvre dérangeante, grinçante, dure.

Chris, jeune homme dépassé par ses dettes, doit trouver une solution pour sauver sa peau. Sans ressources, il imagine un plan fou : tuer sa mère pour toucher son assurance vie de 50 000 dollars. Il entraîne son père, sa belle-mère et sa sœur dans ce projet absurde. Pour cela, il engage Joe Cooper, un flic corrompu qui arrondit ses fins de mois en tant que tueur à gages. Ce qui devait être un arrangement “pratique” tourne vite à la catastrophe. La violence explose, la morale s’effondre, et chacun montre son vrai visage.

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La mise en scène de Patrice Costa est directe et sans détour. Rien n’est caché, rien n’est adouci. La misère et la bêtise s’exposent sans filtre. Le public se retrouve plongé dans un univers sombre et oppressant. Au centre, une cuisine circulaire, un peu crasseuse, d’où se dégage une atmosphère lourde et étouffante. La guitare jouée en direct par Neil Chablaoui apporte une tension, avec un son vif et envoûtant.

Benoît Solès (Joe), Rod Paradot (Chris), Pauline Lefèvre (Sharla), Olivier Sitruk (le père) et Carla Muys (Dottie) jouent avec brio, tout sonne juste, et cette vérité dérange. Chacun trouve le ton exact, entre réalisme cru et désespoir. Chris, à vif, laisse paraître son désarroi. En face, Joe, impassible et froid, impose son autorité et fait planer une menace constante. La famille, minée par la frustration et la bêtise, forme un ensemble à la fois pathétique et effrayant. 

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Killer Joe n’est pas un spectacle tranquille, mais il ne laisse personne indifférent. Patrice Costa propose une mise en scène puissante, qui dérange parfois au point de faire détourner le regard, mais qui retient l’attention jusqu’au bout. Les comédiens sont justes, la tension ne retombe jamais, et la guitare live achève de nous happer. C’est cru, grinçant, dérangeant… mais terriblement vivant. Un théâtre coup de poing, à voir  pour ceux qui aiment qu’on les secoue et pour découvrir ou redecouvrir la verve de Tracy Letts,

Claudine Arrazat. 

Collaboration artistique Sophie Nicollas / Lumière Denis Koransky / Scénographie Georges Vauraz / Costumes Mélisande De Serres / Chorégraphies Sophie Mayer /  Musiques Yann Coste.

Théâtre de l’œuvre  55 rue de clichy  75009 PARIS  Du 9 octobre 2025 au 4 janvier 2026

Du jeudi 9 octobre 2025 au dimanche 4 janvier 2026. Du jeudi au samedi à 21h, le dimanche à 18h. Relâche : 25 décembre et 1er janvier.

Tag(s) : #Critiques, #Th de l'Oeuvre, #C.Arrazat
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