Poétique, Percutant, Bouleversant
Quand j’ai vu La Mer n’est pas un spectacle que l’on regarde, c’est un souffle qu’on prend en plein cœur. Ali Chahrour n’a pas cherché à séduire ou à plaire. Il convoque, interroge, heurte – avec douceur, avec rage, avec cette pudeur infinie qui rend les douleurs encore plus déchirantes.
Sur scène, trois femmes. Pas des comédiennes qui jouent des rôles, non. Des femmes réelles, avec leur vécu, leurs silences et leurs cris retenus. Zena, Tenei et Rania. L’une chante, l’autre tombe, l’autre encore se relève. Elles se racontent avec leur corps autant qu’avec leurs mots. Et c’est là que la pièce bascule, dans ce mélange insaisissable de danse, de musique et de témoignage, dans cette zone grise entre le théâtre et la vie.
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Et c’est là que tout bascule. La pièce quitte le théâtre pour s’inscrire dans une zone trouble, intense, entre la parole et le rituel, entre le témoignage et l’incantation. Danse, musique, récit : tout se mêle. Tout devient nécessité.
La kafala ce système de parrainage domestique au Liban n’est jamais citée, mais elle est là, pesante, omniprésente. Elle imprègne les gestes, les regards. Elle façonne des corps meurtris : de mères, de filles, de migrantes. Corps entravés, brisés, aimants, en lutte.
Leurs récits s’enlacent comme des vagues: amour, guerre, maternité, abandon, survie et c’est toute une mer qu’on voit alors surgir sur scène. Une mer intérieure, pleine à craquer d’histoires qu’on n’écoute jamais.
Ali Chahrour signe ici une œuvre brûlante, nécessaire. Ce n’est pas un spectacle à recommander « légèrement », c’est un rendez-vous avec la dignité. On en ressort avec le cœur un peu plus large, les nerfs à vif, et cette étrange sensation d’avoir reçu un héritage. Celui d’une parole qu’on n’a pas su entendre plus tôt.
Claudine Arrazat
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Musique composition et interprétation Lynn Adib, Abed Kobeissy.
Interprètes Tenei Ahmad, Zena Moussa, Rania Jamal.
Assistanat à la mise en scène et à la chorégraphie Chadi Aoun / Direction technique et conception lumière Guillaume Tesson / Scénographie Ali Chahrour, Guillaume Tesson / Régie son Benoît Rave / Lumière Pol Seif / Relecture Hala Omran / Traduction en français Marianne Noujeim / Responsable de la communication Chadi Aoun.
Production Ali Chahrour / Directeurs de production Chadi Aoun, Christel Salem
Coproduction Festival d’Avignon, Ibsen Scope (Skien), HAU Hebbel am Ufer (Berlin), AFAC Arab fund for arts and culture (Beyrouth), Al Mawred al Thaqafi (Beyrouth), DeSingel Antwerp (Anvers), Domino Zagreb / Perforations Festival, Holland Festival (Amsterdam), Zürcher Theater Spektakel (Zürich), Théâtre Al Madina (Hamra, Beyrouth)
Avec le soutien de Théâtre Beryte (Beyrouth), Institut français de Beyrouth, Wicked Solutions, WASL productions, Raseef (Beyrouth), Beit el Laffé (Beyrouth), Houna Center (Beyrouth), Théâtre Zoukak (Beyrouth), Orient 499 (Beyrouth)
Résidence La FabricA du Festival d’Avignon
Représentations en partenariat avec France Médias Monde
Liban / Création 2025
La FabricA du Festival d'Avignon 2025 les 5/6/7/8 juillet à 13H D :1H10