Ma Séraphine Texte de Patrick Trigano Mise en scène Josiane Pinson.

Profond, Émouvant.

En 2021 Patrick Trigano ,dans son magnifique livre Passion-Artaud, nous contait les dernières années d’Artaud au sorti de l’asile de Rodez et de sa rencontre avec Florence Loeb, fille de son ami Pierre Loeb grand marchand d’art.

Aujourd’hui, dans la même thématique :de l’art et de la folie, Patrick Trigano s’intéresse à la rencontre de deux êtres que tout éloigne et pourtant si proches de par leur destin tragique.La découverte de Séraphine Louis dite de Senlis  par Wilhelm Uhdeen 1912.

Dans une lumière chaleureuse et tamisée un homme rêve inondé par la musique de Bizet La romance de Nadir, romance qui nous accompagnera tout au long du récit. « Je crois entendre encore, Caché sous les palmiers, Sa voix tendre et sonore, comme un chant de ramie…… »

Cet homme, Wilhelm Uhde est un marchand d’art allemand opposé à Hitler, ayant cru en  Picasso, Braque, Le Douanier Rousseau… C’est un grand visionnaire de son temps. Il va nous narrer sa découverte surprenante et extraordinaire du talent de cette petite bonne  que fut Séraphine Louis.

Séraphine est mystique et n’écoute que la voix de la vierge Marie "son ange gardien", elle  vit dans son monde loin des réalités, une seule chose la passionne, la beauté de la nature qu’elle reproduit sous l’œil attentif de la Vierge. Sa santé mentale est fragile, elle est atteinte de schizophrénie.

Un moment de théâtre émouvant où deux êtres qui n’auraient jamais dû se rencontrer, tissent un lien profond dans un monde qui leur est hostile.  

Lors de la déclaration de la première guerre mondiale, Wilhel fut expulsé de France, on lui confisqua ses tableaux puis il fut chassé d’Allemagne par le troisième Reich homophobe. Séraphine elle, se perd dans le méandre de sa maladie.

La scénographe est astucieuse, grâce au jeu de lumière nous sommes transportés du bureau de Wilhelm à la chambre- atelier de Séraphine.

La mise en scène est magnifiquement orchestrée, les scénettes se succèdent avec fluidité.

Laurent Charpentier interprète avec brio Wihlem Uhde élégant, sûr de lui mais bouleversé par le talent de Séraphine interprétée avec effusion par Marie-Bénédicte Roy.

Tous deux, nous font entrer dans l’intimité de leur personnage, ils nous entrainent et font vivre sous nos yeux cette belle rencontre entravée de souffrance qui nous fit connaitre Séraphine dont nous avons pu admirer les œuvres au musée Maillot en 2008.

Claudine Arrazat

Mise en scène : Josiane Pinson  / Interprète(s) : Marie-Bénédicte Roy, Laurent Charpentier / Scénographe : Edouard Dossetto / Création lumière : Anne Bigou / Création Sonore : Stéphane Corbin / Assistante mise en scène : Anne-Laure Maudet / Voix : Michel Elias

18H35   ESPACE ROSEAU TEINTURIERS   45, rue des Teinturiers  84000 - Avignon

Durée : 1h20  du 7 au 29 juillet - Relâches : 11, 18, 25 juillet